(New York) L’aversion au risque s’est ancrée lundi sur les marchés boursiers dans un contexte altéré par la nouvelle escalade de la guerre en Ukraine et la tension sur les taux obligataires au début d’une semaine dense sur le front économique.

Après une ouverture en nette baisse suivie d’une tentative de refaire surface, les indices européens ont fini majoritairement dans le rouge pour la quatrième séance de suite : Paris a reculé de 0,45 %, Londres a perdu autant dans les derniers échanges et Francfort a limité la casse en clôturant inchangée.

Wall Street a conclu en territoire négatif dans un marché plus calme avec la fermeture des échanges obligataires à cause d’un jour férié (Columbus Day) : le Dow Jones a cédé 0,32 %, le S & P500 0,75 % et le NASDAQ 1,04 %.

Craig Erlam, analyste chez Oanda observe « une légère aversion au risque sur les marchés en ce début de semaine, peut-être une certaine appréhension avant ce qui pourrait être des jours importants pour les États-Unis ».

De nouveaux chiffres sur l’inflation américaine sont en effet attendus jeudi (indice CPI), alors que les investisseurs anticipent un nouveau durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale américaine le mois prochain au vu de la solidité de l’emploi aux États-Unis.

« Les marchés sont dans une attitude attentiste avant d’y voir plus clair sur l’évolution des prix et la santé des entreprises », a expliqué Adam Sarhan de 50 Park Investments.

Les investisseurs espèrent toutefois « une impulsion positive de la saison des résultats d’entreprises pour le troisième trimestre, qui commence cette semaine », a souligné Konstantin Oldenburger, chez CMC Markets.

Lundi, ils ont été préoccupés par la pluie de missiles russes dans plusieurs régions ukrainiennes et les menaces biélorusses sur l’Ukraine après la spectaculaire attaque contre le pont de Crimée, qui font craindre un changement de dimension du conflit.

Parallèlement, la dégradation se poursuivait sur le marché de la dette souveraine, où le taux d’emprunt britannique à 10 ans se rapprochait de son plus haut niveau de clôture du 27 septembre (4,50 %), la veille de la décision de la Banque d’Angleterre d’intervenir pour faire baisser les taux.  

Le ministre des Finances britannique a annoncé qu’il avançait au 31 octobre la présentation de prévisions budgétaires très attendues. La Banque d’Angleterre a parallèlement annoncé de nouvelles mesures pour assurer la liquidité sur le marché des bons de l’État à long terme.

Du mouvement dans l’automobile

Nissan et Renault (+2,41 % à Paris) pourraient bientôt bouleverser l’« Alliance » qui les unit en procédant à une profonde révision de leurs participations croisées et en donnant un coup d’accélérateur à l’électrique.

General Motors (-3,96 %) et Ford (-6,89 %) aux États-Unis étaient lestés par la dégradation de leur note par la banque UBS.

Le constructeur américain de véhicules électriques Rivian (-7,28 %) a ordonné vendredi le rappel urgent de la plupart de ses véhicules pour un problème de fixation dans la direction.

Effets du bouclier tarifaire en Allemagne

La perspective de voir instaurés des quotas de consommation d’énergie subventionnés a fait bondir les cours des valeurs industrielles énergivores à Francfort avec en première ligne les entreprises de la chimie comme Covestro (+8,13 %), BASF (+6,23 %), Lanxess (+5,09 %), et de l’acier avec Thyssenkrupp (+4,08 %) et Salzgitter (+5,67 %).

Du côté des devises et du pétrole

Le dollar grimpait lundi, porté par son statut de valeur refuge après des frappes russes massives en Ukraine, tandis que les bons chiffres de l’emploi américain devraient pousser la banque centrale américaine (Fed) à poursuivre ses remontées des taux.

Vers 16 h 30 HAE, le billet vert gagnait 0,40 % face à la devise européenne, à 0,9705 dollar pour un euro, se rapprochant de son plus haut depuis 2002 atteint fin septembre à 0,9536 dollar pour un euro.

Le bitcoin se repliait de 1,29 % à 19 234 dollars.  

Après leur bond de la semaine passée avec les limitations de production des pays producteurs de pétrole et de leurs alliés, les cours du pétrole se tassaient.  

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a cédé 1,76 % à 96,19 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre a reculé de 1,63 % à 91,13 dollars.