Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

D’une journée à l’autre, je remarque que des transactions sur des titres que je surveille comme investisseur sont effectuées après la fermeture des marchés boursiers à 16 h. Comment ces transactions d’après-fermeture fonctionnent-elles ? Pourquoi sont-elles permises ? Quels investisseurs y ont accès ? Peuvent-elles désavantager les investisseurs qui n’y ont pas accès ?

Normand Boisjoly

En premier élément de réponse1, il faut rappeler que la plupart des marchés boursiers dans le monde sont habituellement ouverts de cinq à sept heures par jour, les jours de semaine.

En Amérique du Nord, la Bourse de Toronto (TSX), la Bourse de New York (NYSE) et le marché NASDAQ partagent les mêmes heures de négociation : de 9 h 30 à 16 h, du lundi au vendredi sauf les jours fériés. Ces derniers varient parfois selon les deux pays.

Toutefois, l’activité économique et financière n’est pas limitée à ces heures. Et les marchés financiers de partout dans le monde et sous divers fuseaux horaires sont interconnectés en temps réel.

Par conséquent, d’importantes variations des cours peuvent survenir à tout moment selon l’actualité, en dehors des heures d’opérations régulières d’un marché boursier en particulier.

Pour s’ajuster à la mondialisation des marchés financiers, et aux progrès des technologies de négociation électronique, certains marchés boursiers d’importance ont instauré des périodes de transactions en dehors de leurs heures d’opérations habituelles.

C’est ce qu’on désigne dans le secteur financier comme les négociations et les transactions avant l’ouverture et après la fermeture des marchés.

Les négociations d’avant-marché se déroulent habituellement de 8 h à 9 h 30 les jours de semaine. En Amérique du Nord, la Bourse de New York et le marché NASDAQ permettent les négociations transactionnelles entre courtiers avant l’ouverture, mais pas la Bourse de Toronto.

Quant aux négociations d’après marché, elles débutent à 16 h en fin de journée de semaine et peuvent aller jusqu’à 20 h, selon les marchés. À la Bourse de Toronto, les négociations transactionnelles d’après-fermeture entre les courtiers et les investisseurs accrédités se déroulent de 16 h 15 à 17 h.

Pourquoi ? Pour qui ?

Cela dit, quel est l’intérêt des investisseurs pour ces transactions d’avant ou d’après marché en Bourse ? Pour répondre à cette question, La Presse a sollicité l’avis de Martin Roberge, qui est analyste principal des marchés financiers nord-américains chez la firme financière Canaccord Genuity, à Montréal.

« D’abord, il faut savoir que les annonces de résultats d’entreprise qui divergent des attentes ainsi que les révisions de prévisions de prochains résultats qui ont lieu avant ou après les séances régulières en Bourse sont les raisons les plus fréquentes de fluctuations de prix des actions des entreprises concernées lors des transactions d’avant ou d’après-marché », indique M. Roberge.

Ces fluctuations des cours en baisse ou en hausse lors de l’avant ou de l’après-marché s’avèrent souvent exagérées et très temporaires, avant d’être tempérées lors de la séance suivante et régulière en Bourse.

Martin Roberge, analyste des marchés financiers nord-américains

Selon Martin Roberge, « ces transactions d’avant et d’après marché peuvent être utiles aux gestionnaires de portefeuille qui attendaient une telle “surréaction” en hausse ou en baisse du prix des actions qu’ils surveillent déjà, afin de profiter d’une occasion d’en vendre ou d’en acheter à des prix soudainement avantageux en fonction de leurs objectifs d’investissement ».

Par ailleurs, fort de son expérience en analyse des marchés financiers nord-américains, Martin Roberge considère qu’au-delà des transactions effectuées au jour le jour par des « traders » (négociants) et des spéculateurs-minute, les fluctuations de prix et le volume des transactions effectuées en avant et en après-marché peuvent parfois servir d’indicateurs de l’intérêt pour le risque parmi l’ensemble des investisseurs.

« Par exemple, lorsqu’une soudaine et forte chute de prix des actions d’une entreprise ou de tout un secteur d’activité lors de l’avant ou de l’après marché ne parvient pas à susciter une vague de transactions d’achat, ça suggère que les investisseurs en général ont peu ou pas d’intérêt pour ces actions ou ce secteur d’activité », indique-t-il.

« On a vu ce phénomène à plusieurs reprises depuis un an dans certains secteurs importants en Bourse, comme celui des actions de grandes entreprises de technologies. »

Note 1 : Avec la collaboration de Placements directs TD, filiale d’investissement autonome et de courtage à escompte de la Banque TD

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