(New York) Les Bourses mondiales ont chuté mardi, le dollar s’est renforcé et les taux ont grimpé en réaction à un indicateur d’inflation américaine plus haut qu’anticipé et aux répercussions attendues sur les politiques des banques centrales.  

À Wall Street, le Dow Jones a lâché 3,94 %, l’indice NASDAQ, 5,16 %, et l’indice élargi S&P 500, 4,32 %. C’est la plus mauvaise séance du NASDAQ depuis mi-juin.

En nette hausse à mi-séance, les indices européens sont tombés dès la diffusion de la publication de l’administration américaine : Paris a finalement terminé en baisse de 1,39 %, Londres de 1,17 %, Milan de 1,36 % et Francfort de 1,59 %.

« On a eu un joli rebond avant cette publication et il y avait de quoi retomber », a expliqué Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.

Certes, la hausse des prix sur un an a ralenti en août aux États-Unis : elle s’élève à 8,3 % contre 8,5 % en juillet, notamment en raison de la baisse des prix de l’essence. Mais les analystes s’attendaient à un chiffre plus bas encore, autour de 8,0 %, sous-estimant notamment la pression des prix de l’alimentation.  

De plus, « la hausse de l’inflation sous-jacente », qui exclut les prix plus volatils de l’essence et de l’alimentation, « signifie que l’inflation sera probablement beaucoup plus tenace que l’évaluation des marchés » et que sa décrue sera lente développe Michael Hewson, de CMC Markets.

« Il faudra plus de temps et de volonté pour faire baisser l’inflation », a reconnu le président américain Joe Biden.

La publication donne une nouvelle motivation d’agir pour la banque centrale américaine, via le relèvement de son taux directeur. Les analystes s’attendent déjà à une troisième hausse de 75 points de base lors de la prochaine réunion de la Fed, les 20 et 21 septembre, 100 points n’étant désormais plus exclus.

Les investisseurs s’adaptaient aussi sur le marché de la dette : les taux d’intérêt des États montaient encore, notamment les taux à courtes échéances, plus sensibles aux décisions des banques centrales.

Le taux à 2 ans, plus représentatif des attentes du marché en matière de politique monétaire, s’est lui envolé jusqu’à 3,78 %, pour la première fois depuis près de 15 ans (novembre 2007).  

A la peine depuis plusieurs séances, le dollar a repris de la vigueur à 0,9970 dollar pour un euro, contre 1,0122 la veille.  

Pris dans un coup de vent contre les actifs risqués, le bitcoin chutait de 9,30 % à 20 316 dollars.

Haro sur la tech

La perspective d’un marché du crédit plus onéreux a torpillé les valeurs technologiques, qui doivent le plus souvent emprunter pour financer leur croissance.

Les géants du NASDAQ ont tous souffert, en particulier Apple (-5,87 %), Amazon (-7,06 %), Alphabet (-5,86 %) ou Meta (-9,37 %), descendu mardi à son plus bas niveau depuis les premiers jours de la pandémie de coronavirus, en mars 2020.

L’énergie résiste

Les producteurs du gaz et d’électricité en Europe étaient portés par des rumeurs avant la publication dans la semaine d’un projet législatif détaillé de la Commission européenne sur la crise énergétique dans le continent. L’exécutif européen doit notamment décider de l’idée de confisquer les « superprofits » du nucléaire et des renouvelables, et dans quelle mesure.  

Engie a pris 2,90 %, et RWE 3,34 %, Equinor de 1,57 %.  

Aux États-Unis, le spécialiste du gaz naturel liquéfié (GNL) Cheniere (+3,07 %), plus important exportateur de GNL américain, a profité à plein de la flambée du marché du gaz et a relevé ses prévisions pour l’ensemble de son exercice.

Recul du pétrole, rebond du gaz

Les cours du pétrole ont reculé mardi après la publication de l’indice sur les prix CPI qui fait craindre une récession et un affaissement de la demande d’or noir.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a perdu 0,88 %, pour clôturer à 93,17 dollars.

Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en octobre a lui lâché 0,53 %, à 87,31 dollars.

Le gaz naturel en Europe se négociait à 202 euros le mégawattheure (+6,14 %) sur le marché de référence, le TTF néerlandais, après plusieurs séances de nette baisse.