(New York) La Bourse de Toronto a mis fin vendredi à une séquence de cinq séances consécutives de baisse, soutenue par les gains des secteurs de l’énergie et des mines.

À New York, les grands indices ont terminé en baisse, effrayés par l’annonce de la prolongation de l’arrêt du gazoduc Nord Stream en Europe, qui fait craindre une escalade de la crise énergétique et une récession sur le Vieux Continent.

Le Dow Jones a perdu 1,1 %, l’indice NASDAQ a perdu 1,3 % et l’indice élargi S&P 500 a perdu 1,1 %. Le NASDAQ a enchaîné une sixième séance de baisse d’affilée ; une telle séquence n’avait pas été observée depuis plus de trois ans.

Le désinvestissement des séances précédentes avait débuté à la suite d’un discours du président de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed), Jerome Powell, dans lequel il avertissait que les taux d’intérêt devraient rester élevés pendant encore un bon moment pour faire diminuer l’inflation.

Toute l’année, les investisseurs ont craint que des banquiers centraux trop dynamiques ne fixent les taux d’intérêt à un niveau élevé et ne plongent l’économie dans une véritable récession. Cette crainte a semblé se dissiper quelque peu cet été, entraînant une reprise boursière de six semaines fin juillet et début août, mais le discours de M. Powell a immédiatement renversé le moral des investisseurs.

Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a été encore plus plombé par la baisse du prix du pétrole brut cette semaine et l’impact négatif que cela a eu sur les actions du secteur de l’énergie. Vendredi, cependant, le cours du brut s’est redressé, entraînant avec lui les actions pétrolières et gazières et stimulant le TSX.

Le contrat à terme pour livraison en octobre sur le pétrole brut a augmenté de 26 cents US à 86,87 $ US le baril vendredi, à la Bourse des matières premières de New York.

« Sur le front pétrolier, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole [OPEP] se réunit la semaine prochaine et certains pensent qu’on réduira la production. En réduisant la production, on réduira l’offre », a expliqué Anish Chopra, directeur général de la firme Portfolio Management.

« Et les actions énergétiques répondent à ce potentiel aujourd’hui. »

L’impact de Gazprom

« Vous pouvez faire un lien direct entre la nouvelle de Gazprom » et le retournement du marché, a pointé Patrick O’Hare, de Briefing.com. « Cela ajoute un facteur d’incertitude. »

Le groupe a annoncé vendredi la prolongation de l’arrêt de Nord Stream, qui assure l’essentiel des approvisionnements de l’Europe en gaz russe, évoquant la nécessité de réparer une turbine défectueuse.

Le gazoduc devait initialement reprendre ses livraisons ce samedi, à l’issue de trois jours de maintenance.

« L’Europe est déjà dans une situation économique affaiblie, donc les marchés voient clairement [dans cette nouvelle] un facteur aggravant », a expliqué Bill Northey, d’US Bank Wealth Management.

Les investisseurs affichaient pourtant un certain optimisme en début de séance, après la publication du rapport mensuel sur l’emploi américain, selon lequel 315 000 emplois ont été créés en août, soit nettement moins que les 526 000 nouveaux postes de juillet.

Légère hausse du chômage américain

Autre signe d’un ralentissement, le taux de chômage est légèrement remonté à 3,7 %, contre 3,5 % le mois précédent.

« Le taux de chômage est remonté parce que le marché du travail n’a pu absorber tous les gens qui [se remettaient à chercher un emploi] », a observé Jamie Cox, du Harris Financial Group. « Et la hausse des salaires a fini par se calmer. Ce sont les meilleurs signaux indiquant qu’un atterrissage en douceur [de l’économie] est possible. »

« Si le prochain IPC [indice des prix à la consommation] montre que l’inflation poursuit sa décélération à un rythme plus soutenu, une hausse d’un demi-point [du taux directeur de la banque centrale américaine] pourrait être préférée à une hausse, plus offensive, de 0,75 point », a anticipé Quincy Krosby, de LPL Financial.

Les opérateurs attribuent ainsi désormais une probabilité de 44 % à un relèvement d’un demi-point, contre 25 % seulement la veille.

L’annonce de Gazprom, qui a poussé les investisseurs vers des actifs jugés plus sûrs, conjuguée à l’éventualité d’une Réserve fédérale moins brutale, a dopé le marché obligataire. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans, qui évolue en sens inverse de leur prix, s’est détendu, à 3,2 %, contre 3,3 % la veille.

Du côté des actions aussi, « on a succombé au sentiment de prudence qui a dominé toute la semaine », a relevé Bill Northey.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 76,21 cents US, en hausse par rapport à celui de 75,95 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du gaz naturel a cédé 48 cents US, à 8,79 $ US le million de BTU. Celui de l’or a avancé de 13,30 $ US, à 1722,60 $ US l’once, tandis que le prix du cuivre a grimpé de 1 cent US, à 3,41 $ US la livre.