(Londres) Le dollar s’envolait jeudi, repassant temporairement le cap de la parité face à l’euro et atteignant des records face à d’autres monnaies, galvanisé par la perspective d’une politique monétaire durcie aux États-Unis pour limiter l’inflation.

Vers 11 h 50, le billet vert prenait 0,25 % à 1,0034 dollar pour un euro après avoir reculé jusqu’à 0,9952 dollar, un record depuis fin 2002, quand les cambistes s’interrogeaient encore sur le futur de la monnaie unique mise en circulation au début de l’année.

L’euro est remonté en cours de séance au-dessus de la parité, mais les cambistes restent pessimistes sur les perspectives de la devise, alors qu’une crise politique en Italie vient s’ajouter aux craintes sur l’économie de la zone euro.

Cela « complique la tâche de la Banque centrale européenne », note Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics.

Et le dollar atteignait des sommets significatifs face à d’autres grandes devises : le yen a sombré à 139,39 yens pour un dollar, un niveau plus vu depuis la crise économique de 1998.

La livre britannique a fondu à 1,1760 dollar pour une livre, un plus bas depuis 2020, au début de la pandémie de COVID-19, et avant cela depuis 1985.

« Le dollar s’envole car les marchés parient sur des hausses de taux de la Réserve fédérale plus élevées », commente Fiona Cincotta, analyste chez City Index.

La Fed cherche à contrer l’inflation, qui a atteint 9,1 % sur un an en juin aux États-Unis, un nouveau record depuis novembre 1981.

Et cette hausse en juin a été confirmée par le bond de 11,3 % des prix à la production selon l’indice PPI publié jeudi.

Certains investisseurs parient que la Fed pourrait suivre l’exemple de la Banque du Canada et remonter ses taux d’un point, une possibilité évoquée par un gouverneur de la Fed, Christopher Waller, jeudi.

L’action de la banque centrale canadienne ne suffisait pas à renforcer le dollar canadien face à la déferlante du billet vert : il fondait de 0,94 % à 1,3097 dollar canadien pour un américain.

« En juin, la Fed a signalé que la décision de juillet serait entre 0,50 et 0,75 point de pourcentage. Le problème, c’est que la Fed avait indiqué une hausse de 0,50 point en juin et a opté à la place pour 0,75 point », rappelle Stephen Innes, analyste chez SPI AM.

« Il y a peu d’indicateurs entre aujourd’hui et la décision de la Fed » attendue le 27 juillet « qui pourrait changer l’avis du marché », ajoute Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.