Les principaux indices des marchés financiers d’Amérique et d’Europe ont chuté fortement vendredi après l’annonce que le taux d’inflation aux États-Unis était à son plus haut niveau depuis 40 ans.

Alors que les investisseurs espéraient un nouveau répit de l’inflation, après celui observé en avril, le contraire s’est avéré. La hausse des prix à la consommation s’est de nouveau accélérée en mai aux États-Unis pour atteindre 8,6 % sur un an, contre 8,3 % le mois précédent.

De ce fait, la probabilité est désormais nettement plus élevée que la Réserve fédérale américaine (Fed) décide d’accentuer sa politique de hausse des taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation. Et ce, dès les prochaines semaines.

« Les taux obligataires ont continué d’augmenter cette semaine. Ces mouvements s’appuient sur des anticipations de resserrement monétaire plus prononcé pour lutter contre l’inflation. En même temps, cela amène des craintes sur la croissance économique et tire les marchés boursiers vers le bas », constatent les économistes du Mouvement Desjardins dans leur bulletin hebdomadaire de conjoncture économique et financière, publié vendredi.

« Une inflation forte, une Fed qui va relever les taux davantage et une augmentation des risques de ralentissement de l’économie, voilà ce qui inquiète de plus en plus les marchés boursiers et financiers », selon l’analyste Karl Haeling, de la banque allemande LBBW, cité par l’Agence France-Presse.

Selon cet analyste, les investisseurs boursiers anticipent désormais que la Fed américaine relève son taux cible de 50 points de base (0,5 point de pourcentage) à chacune de ses trois prochaines réunions, avec la possibilité qu’il s’élève jusqu’à 3,5 % d’ici le milieu de l’an prochain. Ces temps-ci, la fourchette cible du taux des fonds fédéraux de la Fed se situe entre 0,75 % et 1 %.

Pire semaine à New York depuis janvier

En Bourse américaine, vendredi, l’indice Dow Jones a terminé en baisse de 2,7 %, à 31 392 points, alors que l’indice élargi S&P 500 a reculé de 2,9 %, à 3900 points, et que l’indice NASDAQ a basculé de 3,5 %, à 11 340 points.

Avec cet autre repli prononcé, les trois principaux indices de la Bourse américaine ont inscrit leur pire semaine depuis le mois de janvier.

En Bourse canadienne, l’indice de marché S&P/TSX a reculé de 1,4 % vendredi pour terminer la semaine à 20 274 points.

Outre-Atlantique, plus tôt dans la journée, l’ensemble des indices boursiers européens avaient piqué du nez, notamment ceux de Paris (- 2,7 %), de Francfort (- 3 %) et de Londres (- 2,1 %).

« La Bourse américaine a pris un coup sur le menton vendredi, avec l’indice S&P 500 qui a terminé une semaine en baisse de 4 %. Au Canada, l’indice S&P/TSX a mieux résisté, grâce au soutien des titres de l’énergie et à une exposition limitée aux titres de croissance plus volatils », constate Martin Roberge, analyste principal des marchés nord-américains chez Canaccord Genuity à Montréal.

« Manifestement, tous les regards des marchés financiers étaient tournés vers les statistiques de l’inflation aux États-Unis, leurs implications pour la Fed et les perspectives économiques. Alors que la Fed devrait procéder dès la semaine prochaine à une hausse des taux directeurs de 50 points de base (0,5 point de pourcentage), la probabilité d’une autre hausse de 75 points de base (0,75 point de pourcentage) en juillet a augmenté. Aussi, une pause dans la hausse des taux à compter de l’automne semble de plus en plus improbable. »

Je continue de croire que les marchés boursiers n’ont pas encore pleinement pris en compte un scénario de croissance économique très ralentie et même de récession. D’où mon opinion que l’indice S&P 500 devrait se replier sous le creux atteint en mai à plus ou moins brève échéance.

Martin Roberge, analyste principal des marchés nord-américains chez Canaccord Genuity

Entre-temps, l’économie américaine montre déjà des signaux mitigés pour les prochains mois. Un rapport publié vendredi indique que le sentiment de confiance des consommateurs américains se détériore plus que prévu par les économistes, en raison surtout de la hausse marquée des prix de l’essence.

Cela s’ajoute à plusieurs avertissements récents de grands détaillants sur leurs prochains résultats, alors que les consommateurs américains modifient et ralentissent leurs dépenses en raison de l’inflation. Or, les dépenses de consommation sont au cœur de l’économie américaine.

« La flambée des prix de l’énergie et des aliments, associée à la chute des cours des actions, constitue une combinaison toxique pour le moral des consommateurs. L’indice de confiance mis à jour vendredi est d’ailleurs à un bas historique », a commenté Ian Shepherdson, de la firme d’analyse Pantheon Macroeconomics, à l’AFP.

Avec l’Agence France-Presse