(New York) Les marchés boursiers étaient orientés plutôt à la hausse jeudi, malgré des chiffres et déclarations de mauvais augure pour la croissance économique mondiale.  

Les Bourses européennes ont terminé dans le vert : Paris a progressé de 1,27 %, Francfort de 1,01 % et Milan de 0,59 %. La place de Londres est pour sa part fermée jeudi et vendredi pour les célébrations marquant les 70 ans de règne d’Élisabeth II.

À Wall Street, le Dow Jones a gagné 1,33 %, l’indice NASDAQ, 2,69 %, et l’indice élargi S&P 500, 1,84 %.

Le rebond de jeudi à New York a été nourri par des achats à bon compte après deux séances consécutives de baisse, selon Quincy Krosby, de LPL Financial. « C’est toujours attractif », a-t-elle expliqué.

Les valeurs technologiques et de croissance ont particulièrement bénéficié de ce mouvement, de Tesla (+4,68 %) à Alphabet (+3,16 %), en passant par Amazon (+3,15 %).

La tonalité générale était aussi favorable à la technologie, selon Quincy Krosby, du fait de quelques bons résultats publiés cette semaine, principalement le spécialiste de la relation client Salesforce (+7,00 % à 188,40 dollars), qui a relevé ses prévisions de bénéfice pour l’ensemble de son exercice.

Pour Edward Moya, d’Oanda, certains ont aussi été incités à prendre des positions avant la publication, vendredi par le ministère du Travail, du rapport sur l’emploi américain.

« Les courtiers s’attendent à voir le marché du travail ralentir, ce qui pourrait calmer un peu les craintes liées à l’inflation », selon l’analyste.

Jeudi, le rapport du cabinet ADP a lui fait état de 128 000 emplois créés en mai dans le secteur privé, soit moins de la moitié de ce qu’attendaient les économistes (295 000).

En outre, les chiffres d’avril ont été révisés en baisse, de 247 000 à 202 000 créations d’emplois.

Dernier rayon de soleil sur Wall Street, l’annonce de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses alliés de l’accord OPEP+ d’un relèvement plus important que prévu de leur production en juillet.

« C’est significatif », a commenté Peter McNally, de Third Bridge, car « depuis deux ans, c’est la première déviation des hausses planifiées. »

Malgré la nouvelle, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, est monté de 1,13 % à 117,61 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet, a gagné 1,39 % à 116,87 dollars.

Les technologies américaines font la une

Le marché n’a pas tenu rigueur à Microsoft (+0,79 % à 274,58 dollars) d’un avertissement sur résultat, bien que le groupe soit l’une des valeurs technologiques les plus fiables ordinairement en matière de résultats.

L’appréciation marquée du dollar pénalise les ventes du groupe réalisées à l’étranger, ce qui a amené le géant de Redmond (Washington) à revoir à la baisse tant ses prévisions de chiffre d’affaires que de bénéfice pour le quatrième trimestre de son exercice décalé (d’avril à juin).

Le spécialiste de l’informatique à distance (infonuagique) Hewlett Packard Enterprise a, en revanche, été sanctionné (-5,20 % à 14,96 dollars) après la publication de résultats légèrement inférieurs aux attentes.

Matières premières

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a grimpé de 1,61 $ US à 116,87 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a reculé de 21,1 cents US à 8,49 $ US le million de BTU.

Le prix du pétrole a été confronté à des forces inverses, la pression à la hausse attribuable à une baisse de niveau des réserves américaines ayant été contrebalancée par l’annonce d’une hausse de production en juillet, puis en août, pour les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés.

Le prix de l’or s’est apprécié de 22,70 $ US à 1871,40 $ US l’once et celui du cuivre a bondi de 22,4 cents US à 4,55 $ US la livre.

Sanofi cède un traitement à Regeneron

Le laboratoire américain Regeneron versera au moins 900 millions de dollars au groupe pharmaceutique français Sanofi pour obtenir la licence exclusive de Libtayo, un anticorps monoclonal utilisé dans les traitements anticancéreux, a annoncé Sanofi. Regeneron reculait de 5,73 % à Wall Street.

Perquisitions chez BMW

Des locaux du constructeur automobile allemand (+1,81 %) ont fait l’objet de perquisitions mercredi en Allemagne et en Autriche dans le cadre d’une enquête des autorités sud-coréennes en cours depuis 2018 sur des problèmes dans le circuit de refroidissement des gaz d’échappement.

Au Canada

Une large reprise pilotée par les secteurs des technologies et des matériaux a permis à la Bourse de Toronto de clôturer en hausse, jeudi, alors que les investisseurs continuaient d’interpréter les commentaires de la Banque du Canada et étaient à la recherche de signes que les taux d’intérêt commencent à ralentir l’économie et freiner l’inflation.

En haussant son taux directeur de 50 points de base mercredi, la banque centrale canadienne s’est dite prête à agir avec plus de vigueur si nécessaire.

« C’était certainement une déclaration assez belliciste, de dire que la Banque du Canada avait le potentiel de se détacher de la Réserve fédérale […], et je pense donc que les mauvaises nouvelles deviennent de bonnes nouvelles dans ce contexte », a observé Lesley Marks, directrice des investissements chez Placements Mackenzie.

Les données auxquelles la banque a fait référence, comme l’inflation annuelle de 6,8 %, à un sommet de 31 ans, sont des indicateurs retardés.

« Donc, si nous commençons à voir le moindre signe d’une économie qui commence à ralentir, cela donne à la banque centrale une certaine marge de manœuvre pour commencer à réduire les futures hausses de taux au lieu de parler comme nous l’avons vu hier », a-t-elle expliqué lors d’une entrevue.

Au sud de la frontière, les données sur l’emploi aux États-Unis étaient plus faibles que prévu jeudi, signe que la politique de la Réserve fédérale commence à fonctionner. Le rapport d’ADP sur la masse salariale privée, qui est un prélude aux chiffres de l’emploi de vendredi pour le mois de mai, indique que seuls 128 000 emplois ont été créés le mois dernier. Les inscriptions au chômage pour la première fois ont également chuté la semaine dernière et ont été inférieures aux attentes.

« C’est une indication que les mesures que les banquiers centraux prennent commencent à avoir un impact sur un ralentissement économique, ce qu’ils doivent faire pour équilibrer l’offre et la demande », a estimé Mme Marks.

Elle a estimé que cette mauvaise nouvelle était une bonne nouvelle pour les marchés, puisqu’elle suggère qu’il y a « une lumière au bout du tunnel », et c’est ce qui a contribué à faire grimper le secteur technologique.

Celui-ci a été le deuxième secteur le plus performant du TSX jeudi, grimpant de 3,4 %, alors que les actions de Lightspeed Commerce et de Shopify ont bondi de 10,6 % et 9,6 %, respectivement.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a grimpé de 318,09 points, soit 1,5 %, pour terminer la journée avec 21 031,81 points.

Du côté des devises

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 79,38 cents US, en hausse par rapport à celui de 79,12 cents US de la veille.

L’euro se renforçait face au dollar après la publication des chiffres ADP sur l’emploi américain.

Vers 21 h 55 GMT (16 h 55 à Montréal), la monnaie unique gagnait 0,91 % à 1,0747 dollar pour un euro.

Le bitcoin avançait de 2,12 % à 30 251 dollars.

Avec La Presse Canadienne