Préoccupés par l’impact du vieillissement de la population dans le marché de la gestion d’actifs financiers, les intervenants du secteur des fonds d’investissement multiplient leurs efforts pour intéresser une « nouvelle génération » d’adultes en début de vie d’investisseurs.

Or, la meilleure façon de s’y prendre pour attirer et fidéliser cette clientèle émergente demeure difficile à cerner et à gérer, ont constaté les panélistes au colloque annuel du Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ), qui avait lieu mardi par webconférence.

« Pour approcher cette nouvelle génération d’investisseurs, en tant que conseiller, c’est très pertinent d’avoir de bonnes conversations sur la notion de risque et de rendement, mais sans nécessairement vouloir gérer la totalité de leur portefeuille, comme ça pouvait se faire auparavant », a indiqué Éric Hallé, vice-président régional, Est du Canada, chez Fonds dynamiques. M. Hallé est aussi président du CFIQ.

« Les investisseurs sont plus renseignés qu’auparavant, avec l’accès aux informations [de marchés d’investissement] à la minute près grâce aux technologies mobiles de communication. Tout roule plus vite, particulièrement parmi les jeunes adultes, ce qui complexifie la tâche des conseillers en placement pour attirer et cultiver cette nouvelle clientèle d’investisseurs », a signalé Brigitte Felx, première directrice en stratégie de distribution au Québec de RBC Gestion mondiale d’actifs.

Investisseurs autonomes

Plus technophiles que leurs aînés, les jeunes adultes qui entrent dans le marché des produits et des services d’investissement sont aussi davantage attirés par une démarche en tant qu’investisseur autonome et ont davantage recours aux technologies financières.

« Ce plus grand intérêt de la nouvelle génération pour l’investissement autonome s’est manifesté durant les deux dernières années de la pandémie », a signalé Claude-Fréderic Robert, président de Banque Nationale Courtage direct (BNCD).

En fait, les nombreuses ouvertures de comptes [par les jeunes adultes] depuis deux ans ont permis d’abaisser de 10 ans l’âge moyen de nos détenteurs de comptes.

Claude-Fréderic Robert

Quant aux produits d’investissement qui attisent le plus cette nouvelle génération d’investisseurs, les participants au colloque du CFIQ ont tenu à rectifier certaines impressions qui circulent dans le milieu des conseillers en fonds d’investissement.

Malgré leur intérêt et leur habileté avec les technologies dans le secteur financier, « des études récentes démontrent que les nouveaux investisseurs de la génération utilisent les “conseils humains” en nombre encore très supérieur à ceux qui utilisent surtout les “conseillers-robots” », a souligné le président de BNCD.

Par ailleurs, a signalé Louis Roy, directeur national en certification en technologie blockchain (la technologie derrière l’utilisation des cryptomonnaies) à la firme conseil Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), « l’effervescence des plateformes de création et de valorisation rapides des actifs numériques comme les cryptomonnaies qui sont encore très peu encadrées représente tout un défi pour ces jeunes investisseurs autonomes ».

D’où l’importance de leur faire valoir « la pertinence et la valeur ajoutée des conseils humains » en matière de gestion d’actifs financiers, et surtout « en période de tumultes comme ce que l’on voit ces temps-ci dans les marchés », a rappelé Claude-Fréderic Robert, président de Banque Nationale Courtage direct.