(New York) La Bourse de New York a encore dévissé lundi, plombée par les valeurs technologiques et de l’énergie, reflétant les inquiétudes autour de l’inflation, de la réponse de la banque centrale américaine (Fed) et d’une possible récession. À Toronto, l’indice S&P/TSX a perdu 3 %, plongeant de plus de 600 points et terminant sous la barre des 20 000 points pour la première fois depuis le 20 juillet 2021.

La baisse du marché de lundi s’inscrit dans le prolongement de la pression subie par les marchés ces dernières semaines, a observé Craig Fehr, stratège en investissement pour la firme Edward Jones.

« Les marchés ont du mal à s’adapter à un environnement dans lequel les banques centrales en général, mais peut-être surtout la Fed, devraient continuer à resserrer [leur politique monétaire] dans une économie qui montre un peu d’usure. »

L’indice composé S&P/TSX avait été quelque peu isolé de la tendance plus tôt dans l’année, grâce à la hausse des prix des matières premières, mais lundi a vu des baisses du côté des principales ressources alors que les inquiétudes des investisseurs concernant les perspectives de croissance ont contribué à faire baisser le marché.

« Les investisseurs n’arrivent pas à acheter à la baisse, à acheter le ‟dip” [le creux]. Il n’y a pas de confiance », a affirmé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.

« Le problème du marché est qu’il ne voit pas quelle serait la bonne nouvelle qui lui permettrait de rebondir », a-t-il résumé. « Et si on n’achète pas quand cela baisse, cela peut continuer à baisser… »

Les indices new-yorkais ont donc entamé la semaine profondément dans le rouge, après déjà six semaines de pertes d’affilée pour le Dow Jones et cinq pour le NASDAQ et le S&P 500.

« L’inflation persistante a incité la Fed à devenir plus agressive dans sa campagne de relèvement des taux, mais cela a favorisé les incertitudes quant à sa capacité à organiser un atterrissage en douceur », redoutent les analystes de Schwab.

« La hausse des taux d’intérêt et la force du dollar continuent de saper le moral et signalent un resserrement des conditions financières, alors que la guerre en Ukraine et les confinements en Chine assombrissent le tableau », ont-ils ajouté.

Les investisseurs montraient aussi leur nervosité avant la publication, mercredi, du chiffre de l’inflation aux États-Unis pour avril (indice CPI).

La hausse des prix hors alimentation et énergie pourrait avoir continué à s’accélérer, avec + 0,4 % sur le mois contre + 0,3 % en mars, selon les prévisions des analystes. L’inflation devrait rester supérieure à 8 % sur un an, un sommet en 40 ans.

Le billet vert a, lui, navigué autour de ses sommets en 20 ans, tandis que le bitcoin, actif à risque, plongeait de 10 % vers 20 h GMT, au plus bas en presque un an et demi, à 30 700 $.

Le secteur technologique, sensible à la hausse des taux d’intérêt qui grèvent les bénéfices futurs de ces entreprises en croissance, a été durement touché.

Uber, qui a annoncé des réductions de dépenses, a chuté de 11,6 %, à 23,25 $ US.

Le titre du groupe d’analyse de données et de renseignements Palantir s’est écroulé de plus de 20 % pour tomber autour de 7 $ US, en dessous de son prix d’introduction en Bourse il y a deux ans. La société a accusé une perte plus forte qu’anticipée au premier trimestre.

Reflétant les craintes pour la demande de pétrole et le rythme de l’activité mondiale avec les restrictions sanitaires anti-COVID-19 à Pékin, les valeurs énergétiques et les cours du brut ont plongé de concert.

Les prix du pétrole brut ont terminé en repli de presque 6 %.

Les valeurs pétrolières, secteur le plus en forme depuis le début de l’année et donc également sujet à des prises de bénéfices, ont lâché 8,3 % au sein du S&P.

L’indice VIX dit « indice de la peur », qui mesure la volatilité du marché, a grimpé à près de 35 %, son niveau le plus élevé depuis deux mois.