(New York et Toronto) La Bourse de New York a terminé vendredi sur une note positive une semaine de forte progression, vivement stimulée par l’annonce d’une baisse surprise du taux du chômage en mai aux États-Unis, signe que l’économie repart plus rapidement que prévu.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a bondi de 3,15 % à 27 110,98 points.  

Le NASDAQ, à forte coloration technologique, s’est apprécié de 2,06 % à 9814,08 points. Il a atteint en cours de séance un niveau jamais atteint auparavant.  

Le S&P 500, l’indice qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, a grimpé de 2,62 % à 3193,93 points.  

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a gagné 326,20 points, soit 2,1 %, pour clôturer la séance avec 15 854,07 points — un sommet de trois mois. Il a grimpé de près de 4,4 % sur l’ensemble de la semaine et ne se trouve plus qu’à 12 % de son sommet historique de février, enregistré avant que la pandémie de COVID-19 ne s’installe en Amérique du Nord.

Même si les investisseurs ont précédemment ignoré les horribles données économiques attribuables à la COVID-19, ils ont remarqué que les données de vendredi avaient largement surpassé les attentes, a observé Philip Petursson, stratège en chef des placements chez Gestion de placements Manuvie.

« Non seulement elles ont mieux fait que ce que l’on pensait, mais c’était un gain d’emploi et c’est vraiment ce qui, selon moi, a pris le marché au dépourvu », a-t-il affirmé lors d’une entrevue.

Les employeurs américains ont créé 2,5 millions d’emplois en mai, alors que les économistes attendaient plutôt une baisse de plus de huit millions d’emplois.

Les gains d’emplois, qui étaient encore plus élevés dans le secteur privé, faisaient suite à un plongeon de 10,69 millions d’emplois en avril. Le taux de chômage a reculé à 13,3 %, un chiffre qui reste important.

Au Canada, 289 600 emplois ont été créés, même si le taux de chômage a atteint un sommet record de 13,7 %.

Même si les chiffres sur l’emploi de mai pourraient être révisés à la baisse dans les prochains rapports, leur vigueur inattendue a stimulé le sentiment du marché quant à la reprise économique.

La grande question pour le marché est de savoir s’il y aura une récupération des bénéfices des entreprises, ce que M. Petursson s’attend à observer encore plus tard.

« Je pense que les investisseurs, étant donné le niveau auquel nous sommes actuellement, pourraient prendre une pause et commencer à regarder de plus près les données fondamentales du marché comme l’évaluation, en particulier, et se demander à quoi pourraient ressembler les perspectives de bénéfices dans les 18 prochains mois. Et je ne serais pas du tout étonné si une pause se produisait dans cette reprise », a-t-il affirmé.

À la Bourse de Toronto, la reprise de vendredi a été généralisée, et 10 des 11 secteurs ont enregistré une progression — celui des matériaux étant l’exception.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,47 cents US, en hausse par rapport à son cours moyen de 74,03 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a grimpé de 2,14 $ US à 39,55 $ US le baril, tandis que celui de l’or a plongé de 44,40 $ US à 1683,00 $ US l’once. Le prix du cuivre a bondi de 6,6 cents US à 2,55 $ US la livre.

Les indices américains ont été entraînés par l’annonce d’une baisse surprise du taux de chômage en mai aux États-Unis, à 13,3 %, là où les observateurs prévoyaient un taux proche de 20 %, et par la création de 2,5 millions d’emplois sur la période, quand les analystes anticipaient en moyenne la destruction de plus de 7 millions de postes.

Les premières réouvertures de commerces et restaurants dans certaines régions des États-Unis en mai ont visiblement permis à la première économie mondiale de se redresser.

« Alors que de plus en plus d’États s’apprêtent à relâcher les restrictions au cours des prochaines semaines, en particulier dans la partie nord-est du pays particulièrement peuplée, l’emploi devrait continuer de rebondir en juin et au-delà », souligne Michael Pearce, économiste pour Capital Economics.

« Ce redressement de l’emploi plus rapide que prévu laisse espérer que le virus ne laissera pas les mêmes cicatrices durables sur le marché du travail que les récessions habituelles », poursuit l’expert.

« Cela fait des semaines que le marché américain anticipe ce dont on a une certaine preuve avec le rapport : oui, il y a eu un ralentissement économique, oui il y a eu une récession, mais il est possible que le redémarrage se fasse très rapidement », souligne de son côté Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuilles chez Meeschaert Financial Services.  

Sur la semaine, le Dow Jones s’est apprécié de 6,8 %, le NASDAQ de 3,4 % et le S&P 500 de 4,9 %. Ils ont tous pris plus de 40 % depuis le trou d’air encaissé en mars.

Les investisseurs misent sur l’idée que l’économie va repartir à vive allure au fur et à mesure que les divers États américains se déconfinent.

Comme dans le même temps la Banque centrale américaine (Fed) et le gouvernement fédéral ont injecté énormément d’argent dans les circuits financiers pour soutenir l’économie, ils ont des liquidités en abondance à leur disposition pour investir.

Le marché obligataire a aussi réagi vivement au rapport sur l’emploi : le taux à 10 ans sur la dette américaine bondissait vers 16 h 15 à 0,8835 % contre 0,8234 % jeudi soir.