(New York et Toronto) La Bourse de New York a emmené le S&P 500 à un niveau jamais atteint auparavant mardi, effaçant ainsi complètement les pertes subies par l’indice au début de la propagation de la pandémie aux États-Unis.  

L’indice élargi, qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées à Wall Street, s’est apprécié de 0,23 % pour finir à 3389,78 points, soit au-dessus du précédent record datant du 19 février.

L’indice s’était pourtant effondré de près de 34 % entre cette date et le 23 mars.  

Le principal indice de la Bourse de Toronto a retraité, tiré vers le bas par le secteur de l’énergie.

« Il y a une divergence entre les marchés américain et canadien », a souligné Candice Bangsund, gestionnaire de portefeuille pour Fiera Capital.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a reculé de 30,06 points pour clôturer à 16 626,06 points.

« C’est un océan rouge », a déclaré Mme Bangsund, à propos de la séance à Bay Street où les seules exceptions ont été observées dans les secteurs de la consommation discrétionnaire et des télécommunications.

Le recul le plus important a été observé du côté de l’énergie (-1,58 %) alors qu’à la Bourse des matières premières de New York, le prix du baril de pétrole a abandonné cinq cents US, à 43,12 $ US. Les cours du brut ont eu du mal à franchir la barre des 43 $ US, a indiqué Mme Bangsund, alors que la pandémie de COVID-19 continue d’assombrir les perspectives entourant la demande.

« Étonnamment, nous n’avons pas observé beaucoup de réactions à la suite de l’annonce de la démission du ministre des Finances (Bill) Morneau (annoncée lundi en soirée) », a déclaré Mme Bangsund.

Celui-ci a été remplacé par Chrystia Freeland, qui a été assermentée, mardi après-midi.

« On aurait tendance à anticiper un effet du côté des devises, a souligné la gestionnaire de portefeuille pour Fiera Capital. Mais le dollar canadien est en fait plus vigoureux en raison essentiellement du recul du dollar américain. »

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est échangé au cours moyen de 75,93 cents US, par rapport à son cours moyen de 75,72 cents US de lundi.

Ailleurs à la Bourse des matières premières de New York, le prix de l’or a gagné 14,40 $ US, à 2013,10 $ US l’once, tandis que la livre de cuivre a clôturé à près de 2,98 $ US, en hausse de sept cents US.

Les sévères mesures de restriction imposées par certains États face à l’avancée galopante de la COVID-19 dans certaines zones des États-Unis, à New York notamment, faisaient alors craindre un plongeon de l’activité économique et des bénéfices des entreprises et une envolée du chômage.  

Mais depuis le gouvernement est monté au créneau avec son vaste plan de soutien aux ménages, aux entreprises et aux collectivités locales qui a permis de limiter les dégâts.  

La banque centrale américaine (Fed) a parallèlement injecté des milliers de milliards de dollars sur les marchés pour s’assurer de leur bon fonctionnement et pour garantir aux entreprises une source fiable de financement.  

Le S&P 500, comme les autres indices, a rapidement regagné le terrain perdu.  

Son foudroyant redressement fait officiellement du « bear market » du printemps, défini par une chute de plus de 20 % de l’indice, le plus court de l’histoire, selon les calculs du cabinet S&P Dow Jones Indices.

Le NASDAQ, lui, était revenu dès juin à son niveau d’avant la crise sanitaire.  

À forte coloration technologique, il a profité, en plein confinement, de l’activité accrue des entreprises spécialisée dans le commerce en ligne, l’informatique, le divertissement sur l’internet, le télétravail, etc.  

Mardi, l’indice s’est encore apprécié de 0,73 % à 11 210,84 points à la faveur de la hausse des actions de groupes comme Amazon (+4,1 %), Alphabet, la maison mère de Google (+2,7 %), ou Netflix (+2,0 %).

Apple et Tesla

Il a aussi bénéficié, comme depuis plusieurs mois, de l’avancée des bolides de Wall Street que sont Apple et Tesla.

Le géant de l’informatique, dont le titre s’affiche en hausse d’environ 55 % depuis le début de l’année, s’apprête à devenir la première entreprise américaine à valoir plus de 2000 milliards de dollars.

Le fabricant de voitures électriques, particulièrement prisé des petits actionnaires, a vu son titre multiplié par cinq depuis son plus bas niveau en mars.

Le Dow Jones de son côté, où sont plus présentes des valeurs dites cycliques, qui dépendent plus de l’activité économique, n’a pas encore retrouvé son record d’avant la pandémie.  

L’indice vedette de Wall Street a reculé mardi de 0,24 % à 27 778,07 points.

L’indicateur du jour était pourtant plutôt positif, les mises en chantier de logements aux États-Unis ayant bondi de 23 % en juillet par rapport au mois de juin.

Autre signe optimiste sur la santé financière des ménages américains : grâce à des consommateurs au pouvoir d’achat soutenu par les aides du gouvernement et qui, coincés à la maison, ont acheté plus de nourriture, de produits de divertissement et se sont lancés dans des travaux domestiques, le géant des supermarchés Walmart et l’enseigne de bricolage et d’aménagement de la maison Home Depot ont dévoilé des résultats trimestriels meilleurs que prévu.  

D’autres groupes ont également directement profité de la pandémie, comme le vendeur d’eau de javel Clorox dont l’action a augmenté de 50 % depuis le début de l’année.

Toutefois, remarquent aussi les analystes de Charles Schab, « les gros titres aux États-Unis restent dominés par les tensions élevées entre les États-Unis et la Chine, l’incapacité des parlementaires à se mettre d’accord sur un nouveau plan de soutien à l’économie et les craintes liées à la COVID-19 ».

La spectaculaire remontée boursière de Wall Street, régulièrement saluée par des tweets du président américain, ne profite pas forcément à tous les Américains puisque seulement environ la moitié d’entre eux possède des actions, selon la Fed, principalement à travers des plans de retraite.

Certains secteurs restent aussi durement affectés en Bourse, comme ceux du transport aérien, de l’énergie ou des croisières.