(Paris) Les Bourses mondiales ont été confrontées mercredi à une série de mauvaises nouvelles économiques, mettant un terme à plusieurs journées de hausse entraînées par des signaux encourageants sur le front sanitaire.

Wall Street a fini nettement dans le rouge, le Dow Jones baissant de 1,86 %, le NASDAQ de 1,44 % et le S&P 500 de 2,20 %.

Les Bourses européennes ont elles toutes terminé sur une perte de plus de 3 % : -3,76 % à Paris, -3,90 % à Francfort, -3,34 % à Londres, -3,79 % à Madrid, et même -4,78 % à Milan.  

Plus tôt dans la journée, Tokyo avait clôturé en recul de 0,45 %.

« Les marchés sont confrontés à la réalité et l’aversion au risque fait son retour », souligne auprès de l’AFP Eric Vanraes, gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza.

Et cela se traduit logiquement, résume-t-il, par des indices boursiers dans le rouge, rompant avec la tendance générale des cinq derniers jours, une claire détente des dettes allemande et américaine, considérées comme les plus solides, et « un pétrole sous les 20 dollars en dépit de toutes les dernières annonces ».

« C’est une piqûre de rappel pour prévenir que tout ne va pas repartir aussi rapidement que les marchés veulent le croire », indique de son côté à l’AFP Alexandre Neuvy, responsable de la gestion privée à Amplegest. « Le chemin à remonter va être plus long. »

Les indicateurs qui commencent à intégrer les périodes de confinement viennent chaque jour renforcer ces sombres perspectives.

Aux États-Unis, les ventes au détail ont ainsi chuté de 8,7 % le mois dernier et la production industrielle de 5,4 %, soit sa plus forte baisse enregistrée depuis janvier 1946.

« Confrontation avec la réalité »

Les publications des grandes banques américaines Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs ont confirmé le message envoyé par leurs consœurs JPMorgan Chase et Wells Fargo la veille.

Elles ont toutes dit augmenter leurs provisions pour couvrir une avalanche attendue de prêts non remboursés des particuliers et des entreprises, ce qui a fait chuter leurs bénéfices par action.

Selon une analyse de Janus Henderson, « le consensus sur les prévisions de bénéfices et de dividendes à l’échelle mondiale reste trop optimiste et fera l’objet d’importantes révisions à la baisse ces prochaines semaines ».

La pression qui s’exerce sur le secteur pétrolier ne favorise pas non plus la sérénité.

Les cours du pétrole ont de nouveau baissé mercredi après une hausse plus forte qu’attendu des stocks de pétrole aux États-Unis et des prévisions de chute de la demande mondiale.

Le baril américain de WTI pour livraison en mai a perdu 1,2 %, à 19,87 dollars, son plus bas depuis février 2002. Le Brent londonien a lui chuté de 6,5 % à 27,69 dollars.

L’euro effaçait lui ses gains réalisés depuis une semaine face au dollar et perdait 0,55 % face au billet vers 15 h.

Si la situation économique actuelle est régulièrement comparée à la crise des années 1930, ce parallèle trouve vite ses limites, estime toutefois Vincent Juvyns, stratégiste de JPMorgan AM.

« Il y avait énormément de spéculations sur les marchés avant 1929, même si les indices ont connu de fortes hausses en 2019, ce n’est pas du tout comparable. Par ailleurs, la réponse des autorités publiques a été beaucoup plus rapide et synchronisée au plan international avec des mécanismes de défense sociale plus développés », analyse-t-il pour l’AFP.

Face à la COVID-19 qui a fait plus de 131 000 morts et menace toutes les économies du monde, les pays du G20 ont aussi pris mercredi la décision inédite de suspendre pour un an les remboursements de la dette des pays les plus pauvres.

« Depuis quelques jours, les marchés étaient dans de meilleures dispositions. Mais objectivement, le prérequis pour arriver à une stabilisation durable passe par une stabilisation sur le front sanitaire », relève M. Juvyns.