(New York) La Bourse de New York s’est enfoncée dans le rouge mardi, assommée par l’annonce surprise par l’administration américaine de taxes supplémentaires sur les importations chinoises au moment où Washington et Pékin entament une nouvelle phase délicate de négociations.

Son indice vedette, le Dow Jones, a plongé de 1,8 % à 25 965,09 points tandis que l’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a chuté de 1,96 %, à 7963,76 points, et l’indice élargi S&P 500 de 1,65 %, à 2884,05 points.

Wall Street, comme le reste des places boursières européennes et asiatiques, a été prise de court par des tweets du président américain annonçant dimanche la mise en œuvre, dès vendredi, d’une hausse des droits de douane sur 200 milliards US d’importations chinoises, alors que des émissaires de Pékin sont attendus à Washington jeudi et vendredi pour une énième session de discussions.

Après un premier coup de semonce en début de séance lundi, les indices américains avaient toutefois limité la casse alors que les investisseurs interprétaient les menaces de Donald Trump comme une tactique de négociations.

Mais la tension est remontée quand le négociateur en chef américain, Robert Lighthizer, a confirmé lundi soir que les nouvelles sanctions seraient effectives à minuit dans la nuit de jeudi à vendredi.

« La plupart des économistes et analystes qui suivent de près la Chine et les négociations commerciales estiment que cette menace va bien être mise en œuvre et qu’elle sera vite levée une fois que les deux parties auront atteint un accord », affirme Karl Haeling de LBBW.

Mais dans l’incertitude, « les opérateurs ne veulent pas prendre de risque et retirent leur argent de la table », ajoute le spécialiste. « Que sait-on vraiment ? Est-ce une tactique de négociations de la part de Trump ? Est-ce un danger plus fondamental ? Les Chinois vont-ils chercher à riposter ? »

« Réaction épidermique »

« Si tous ces hauts responsables n’avaient pas dit que les négociations avançaient bien, à Pékin comme à Washington, et suggéré qu’un accord était imminent, cela n’aurait pas ébranlé autant les courtiers (...) qui savent très bien que ce genre de négociations prend du temps », remarque de son côté Quincy Krosby de Prudential.

Si le Nasdaq et le S&P 500 sont récemment montés à des niveaux inédits, « c’est parce que la Banque centrale américaine a décidé de faire une pause dans la remontée des taux, parce que les résultats d’entreprises sont meilleurs que prévu et parce qu’on s’attendait à la conclusion imminente d’un accord commercial », rappelle-t-elle.

Mettant en doute ce dernier élément, la soudaine volte-face de l’administration américaine a entraîné « une réaction épidermique », estime Mme Krosby.

Le marché pourra toutefois se redresser facilement « s’il estime que les deux parties sont prêtes faire des concessions » pour parvenir à un accord, ajoute la spécialiste.

En attendant ce sont les valeurs particulièrement sensibles aux soubresauts des négociations sino-américaines qui ont été affectées, comme les multinationales Apple (-2,7 %), Caterpillar (-2,3 %) et Boeing (-3,9 %).

Les entreprises du secteur des semi-conducteurs, souvent largement implantées dans les deux pays, ont aussi été touchées de plein fouet: Advanced Micro Devices a reculé de 2,8 %, Nvidia de 3,8 %, et Micron Technology de 4,4 %.

Dans le secteur pétrolier, Anadarko s’est apprécié de 0,44 %. Objet des convoitises d’Occidental Petroleum (+1,57 %) et de Chevron (-0,11 %), le groupe a estimé lundi soir que l’offre actuelle du premier était « supérieure » à celle du deuxième. Chevron a désormais jusqu’à vendredi pour proposer une offre plus intéressante que celle présentée le 12 avril.

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a perdu mardi 135,71 points (-0,8 %) pour clôturer la séance avec 16 357,75 points.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,21 cents US, comparativement à son cours moyen de 74,32 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a reculé de 85 cents US à 61,40 $ US la livre, tandis que celui de l’or a gagné 1,80 $ US à 1285,60 $ US l’once. Le prix du cuivre s’est pour sa part déprécié de 4,4 cents US à 2,79 $ US la livre.