Après la Banque Royale, qui annonçait vendredi un bénéfice trimestriel en faible croissance mais suffisant pour une hausse de dividende, les autres banques canadiennes sont attendues en Bourse cette semaine avec leurs résultats du premier trimestre de leur exercice 2019.

Mais déjà, après ce trimestre terminé le 31 janvier durant lequel les marchés financiers ont subi leur pire volatilité en une décennie, les analystes et les investisseurs boursiers ont modéré leurs attentes de hausse de bénéfice parmi les banques.

« Pour le premier trimestre 2019, je prévois une croissance moyenne des bénéfices par action de 3 %, ce qui constituerait le trimestre le plus lent parmi les banques depuis le deuxième trimestre 2016 », indique l'analyste Robert Sedran, spécialiste des banques chez Marchés mondiaux CIBC, dans son récent préavis de résultats trimestriels.

Quels éléments seront le plus à suivre ?

« La volatilité des marchés à la fin de 2018 a eu une incidence défavorable sur les secteurs d'activité des banques les plus sensibles aux marchés financiers. Mais ce sont également des secteurs qui pourraient rapidement rebondir si les marchés continuent à migrer plus haut », explique M. Sedran à ses clients-investisseurs.

En contrepartie, il s'attend à une bonne performance des secteurs d'activité plus traditionnels des banques dans le marché des particuliers et des entreprises, notamment en ce qui concerne « la gestion de leur marge nette d'intérêt sur les prêts, la croissance continue des prêts commerciaux et les efforts d'efficacité en gestion opérationnelle ».

Hausse de 5 % du bénéfice par action principal

Chez Desjardins Marchés des capitaux, l'analyste des banques Doug Young anticipe une hausse moyenne de 5 % (annualisée) du bénéfice par action principal parmi les banques durant leur premier trimestre 2019.

« À court terme, les banques canadiennes profitent d'un vent en poupe. Le contexte économique demeure constructif avec un faible taux de chômage, le marché du crédit demeure encore serein, et la gestion de leurs dépenses d'exploitation est plus serrée, ce qui est important lorsque la croissance des prêts ralentit », écrit M. Young dans une récente note à ses clients-investisseurs.

En contrepartie, Doug Young constate qu'un « certain nombre de risques se profilent à l'horizon des banques. Notamment, le fait d'opérer à un stade avancé du cycle économique, de subir la volatilité plus élevée des marchés boursiers et de parer à une volatilité accrue des provisions pour les pertes sur mauvais prêts. Enfin, il leur faut prévoir l'impact éventuel d'une hausse des taux d'intérêt sur leur clientèle de consommateurs et d'entreprises ».

Dans ce contexte, les investisseurs québécois porteront sans doute plus d'attention aux résultats trimestriels et aux énoncés de perspectives d'affaires provenant des deux banques établies au Québec.

C'est mercredi que sont attendus ces rapports trimestriels de la Banque Nationale et de la Banque Laurentienne.

Du côté de la Banque Nationale, dont les résultats d'ensemble sont réputés plus sensibles à ses activités liées aux marchés boursiers, les analystes sondés par la firme d'informations financières Thomson Reuters anticipent un bénéfice net du premier trimestre en légère baisse, autour de 522 millions, contre 527 millions un an plus tôt.

Toutefois, le bénéfice net par action pourrait s'avérer encore en léger progrès sur un an - autour de 1,55 $ par action - en raison des rachats d'actions par la Banque Nationale depuis quelques trimestres.

Quant à la Banque Laurentienne, où les efforts de redynamisation des priorités d'affaires tardent à rehausser les résultats, les analystes anticipent une deuxième baisse de suite du bénéfice net trimestriel, sur une base annualisée.

Ils le prévoient autour de 53 millions au premier trimestre 2019, en recul de 10 % par rapport à 59 millions un an plus tôt.

En conséquence, le bénéfice net par action est attendu autour de 1,28 $, comparativement à 1,41 $ au premier trimestre 2018.

MERCREDI

Lowe's et sa filiale Rona font le point

Où en sont le gros quincaillier américain Lowe's et sa filiale Rona au Canada avec leurs objectifs de rehausser leur compétitivité et leur rentabilité ? Et pour les atteindre, envisagent-ils d'autres fermetures de magasins et centres de distribution qui s'ajouteraient aux 160 annoncées depuis un an, dont 30 au Canada et au Québec ? Les analystes anticipent un rebond de 15 % du bénéfice net au quatrième trimestre, aux environs de 638 millions US. Et ce, malgré une croissance modeste - d'environ 1,5 % - des revenus trimestriels, autour de 15,7 milliards US. Pour tout l'exercice terminé le 31 janvier 2019, les analystes prévoient aussi un net rebond du bénéfice net annuel, soit 20 %, autour de 4,1 milliards US.

VENDREDI

Le PIB canadien plus faible

On connaîtra vendredi la plus récente mesure du produit intérieur brut (PIB) de l'économie canadienne lors du quatrième trimestre et de la fin d'année 2018. Mais après la faiblesse de certains indicateurs au début du quatrième trimestre, nombre d'économistes ont modéré leurs attentes envers la progression du PIB. Au Mouvement Desjardins, par exemple, les économistes notent dans leurs plus récentes prévisions que « l'évolution des ventes des manufacturiers, des grossistes et des détaillants a été décevante au cours des derniers mois ». Par conséquent, « l'acquis de croissance du quatrième trimestre était assez faible, et ça devrait se conclure par une hausse annualisée du PIB réel aux alentours de 1,0 % ».