Le titre de Microsoft chutait mardi à Wall Street après l'annonce de son rachat pour 7,2 milliards de dollars des téléphones de Nokia, une décision qui laissait les investisseurs perplexes sur la stratégie du groupe.

Vers 11h00, l'action perdait 5,93% à 31,42 dollars sur la plate-forme électronique Nasdaq.

Le groupe a été pas mal chahuté par les courtiers de Wall Street ces dernières semaines alors qu'il affirmait sa volonté de se recentrer vers les services et les appareils électroniques et qu'il annonçait le départ, d'ici un an, de son PDG Steve Ballmer.

Ce dernier a indiqué lors d'une conférence téléphonique mardi que l'acquisition des téléphones portables de l'équipementier en télécoms finlandais Nokia était une évolution stratégique «de nature à changer la donne» et qu'il aiderait Microsoft à regagner du terrain face à des groupes comme Apple ou Google.

L'activité du groupe est en effet encore très fortement liée aux logiciels sur PC et la crise profonde de ce secteur pèse lourdement sur les résultats de Microsoft.

Mais les analystes étaient plus circonspects face à la dernière initiative du groupe de Richmond.

Ainsi Raimo Lenschow de Barclays estime que «les investisseurs vont accueillir l'accord avec prudence car l'entreprise doit encore prouver qu'elle est capable de naviguer avec succès sur le marché de l'informatique grand public».

De plus, «cet accord rend plus compliquées les relations de Microsoft avec ses partenaires actuels sur le marché des téléphones multifonctions», relève-t-il.

Ross MacMillan, analyste à Jefferies, était un peu plus optimiste.

«Posséder les appareils fait sens économiquement», d'autant plus que Microsoft va pouvoir «profiter de l'expertise de Nokia en termes de production et de chaîne d'approvisionnement», explique-t-il.

Pour Trip Chowdhry de Global Equities Research, l'accord n'a toutefois rien d'enthousiasmant.

«On sait déjà qui sont les gagnants sur le marché des téléphones multifonctions» et «95% du marché va désormais rester aux mains de Google, fort de son système d'exploitation Android, et d'Apple», qui peut compter sur ses populaires iPhone, juge l'analyste. «Il n'y a pas de place pour une troisième leader. Microsoft, BlackBerry et consorts vont jouer dans la catégorie inférieure.»