Le mythique club de football anglais Manchester United devient avec son entrée en Bourse vendredi à New York l'équipe de sports la plus chère au monde, même s'il a dû revoir à la baisse ses ambitions en proposant ses actions à la vente moins cher que prévu.

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En introduisant en Bourse 16,7 millions de titres, avec une option de surallocation de 2,5 millions supplémentaires, le club, coté sous le symbole «MANU», a levé 233 millions de dollars.

Cette opération le valorise à quelque 2,3 milliards de dollars, ce qui en fait «le club de sport le plus cher du monde», note le cabinet spécialiste des introductions boursières Renaissance Capital.

En fixant un prix d'introduction en Bourse à 14 dollars jeudi soir, le club et ses banquiers-conseils avaient pourtant revu leurs attentes à la baisse, puisqu'ils avaient fixé une fourchette initiale de prix comprise entre 16 et 20 dollars, ce qui aurait permis de lever autour de 300 millions de dollars.

Manchester United, où évoluent l'Anglais Wayne Rooney et le Français Patrice Evra, a indiqué qu'il entendait utiliser les revenus nets de cette offre pour réduire son endettement, qui s'élevait à la fin du premier trimestre à 423,3 millions de livres (664 millions de dollars).

«Nous sommes très confortables avec notre niveau d'endettement», a toutefois assuré le directeur général David Gill lors d'un entretien à la chaîne de télévision vendredi.

M. Gill a aussi souligné que c'était une occasion pour la famille de l'Américain Malcolm Glazer, propriétaire depuis 2005, de «réaliser une partie de son capital», et de dégager des fonds pour investir dans l'équipe.

Le club a dégagé un bénéfice de 12,6 millions de livres (19,7 millions de dollars) en 2011 pour un chiffre d'affaires de 331 millions de livres (518,5 millions de dollars).

Manchester United appartient depuis 2005 à Malcolm Glazer, qui détient aussi des intérêts dans des clubs de football américain, à la suite d'une opération qui a lourdement augmenté la dette du groupe. Le titre avait alors été retiré de la Bourse de Londres, où il était coté depuis onze ans.

La société historique qui gère les affaires du club, «Red Football Shareholder Limited», est devenue une filiale d'une société mère enregistrée dans l'État américain du Delaware (est), qui a elle-même créé le 30 avril 2012 une autre filiale, Manchester United Ltd., enregistrée aux Iles Caïmans.

Les membres de la famille Glazer qui contrôlent le club possèdent des actions de classe B assorties de droits de vote dix fois supérieures aux actions de classe A mises en Bourse.

«La question c'est de savoir si Manchester United est vraiment le prochain Facebook. Il a 600 millions d'admirateurs, il est sous contrôle serré de la famille Glazer et il est très à la mode», s'interrogeait le site d'analystes 247wallst.com.

«Manu» partage avec Facebook une structure du capital en deux classes d'actions qui verrouille le contrôle de l'entreprise, aux mains des Glazer pour le club de sport et du PDG Mark Zuckerberg pour le site de socialisation.

Or, l'entrée en Bourse de Facebook en mai, la plus attendue de l'année, s'est traduite par un fiasco en raison de problèmes techniques le premier jour, et à la suite de résultats sans éclat.

«Peut-être que la décote sur le prix d'introduction (de MANU) va garder de l'intérêt pour ce titre», remarque 247wallst.Com, notant tout de même qu'«il y a des inquiétudes sur le fait que le chiffre d'affaires est peut-être en train de reculer».

Les investisseurs semblaient hésitants: l'action prenait juste 0,14% à 14,02 dollars vers 11h.

M. Gill, lui, assure que le club, qui vient de conclure un contrat publicitaire à 560 millions de dollars avec Chevrolet, raconte «tout à fait une histoire de croissance, et dans le climat actuel c'est très positif».

Il a aussi noté que l'intérêt pour le football, ou «soccer», ne cessait de grandir aux États-Unis, rendant hommage à la ligne nationale MLS et à la victoire jeudi de l'équipe féminine américaine aux jeux Olympiques.