Le rôle du chef des finances de SNC-Lavalin (T.SNC), Gilles Laramée, est directement remis en question par les nouvelles demandes de recours collectifs qui ont été déposées cette semaine en Ontario contre la firme de génie québécoise et ses principaux dirigeants.

Dans une requête déposée mercredi au nom des investisseurs institutionnels qui ont perdu de l'argent dans la récente déconfiture boursière de SNC-Lavalin, le cabinet Siskinds affirme que M. Laramée n'a pas assumé ses responsabilités dans l'affaire des paiements douteux qui secoue l'entreprise.

«Par son inaction, Laramée a violé le code d'éthique, notamment en permettant que la transaction liée au «projet B» soit dissimulée aux vérificateurs internes et externes, en omettant de s'assurer que les livres de SNC reflètent correctement la transaction et en omettant de s'assurer que l'argent de SNC ne soit pas utilisé à des fins illégales ou non conformes», écrit le cabinet dans sa nouvelle requête.

Rappelons que les documents de SNC-Lavalin montrent que M. Laramée s'était opposé dès 2010 à ce que des paiements soient attribués à des projets auxquels ils ne se rapportaient pas au sein de l'entreprise. Le chef des finances n'avait cependant pas avisé le conseil d'administration ni les vérificateurs des irrégularités, et avait continué à se porter garant de l'intégrité des états financiers de l'entreprise.

SNC-Lavalin a maintes fois défendu son chef de la direction financière en affirmant qu'il s'est opposé aux irrégularités en 2010 et les a rapportées au président de l'époque, Pierre Duhaime.

Le cabinet Rochon Genova, qui a déposé mercredi une autre demande de recours collectif contre SNC-Lavalin similaire à celle de Siskinds, pointe aussi M. Laramée dans sa requête.

Le cabinet s'interroge sur un prospectus financier publié en décembre 2009 par l'entreprise et signé par M. Larmée et M. Duhaime.

«Les défendeurs Duhaime et Laramée, ainsi que les membres du conseil d'administration au temps où le prospectus a été émis, n'ont fait aucune enquête raisonnable et n'avaient aucune base raisonnable pour croire que le prospectus ne contenait aucune déclaration inexacte», écrit le cabinet.

La première demande de recours collectif contre SNC avait été déposée au Québec au début du mois de mars par la firme Siskinds au nom des actionnaires individuels. Elle n'avait pas détaillé le rôle du chef des finances explicitement. Dimitri Lascaris, l'avocat derrière cette demande, a cependant affirmé à La Presse Affaires qu'il veut amender cette requête pour y inclure le rôle joué par M. Laramée dans l'affaire.

M. Lascaris croit aussi que les deux requêtes déposées cette semaine en Ontario risquent de se recouper parce que de nombreux actionnaires seront concernés par les deux. «La cour devra probablement trancher et choisir l'une ou l'autre», a-t-il dit.