Les Bourses américaines ont réalisé un revirement spectaculaire en toute fin de séance hier pour transformer leurs pertes accumulées durant la journée en forts gains de dernière minute. L'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto n'a pas réussi pour sa part à renverser totalement la tendance et a terminé en baisse pour la troisième séance d'affilée, confirmant que la Bourse canadienne est officiellement, depuis lundi, en état de marché baissier.

La situation trouble en Europe et les risques grandissants que la Grèce ne se retrouve sous peu en défaut de remboursement de sa dette ont encore une fois porté ombrage aux marchés boursiers. Plus tôt en journée, les Bourses européennes avaient toutes terminé dans le rouge, en enregistrant des pertes oscillant entre 1% et 4%.

Les marchés nord-américains ont amorcé la journée d'hier en suivant la même tendance. L'indice S&P 500 a même franchi la marque des 1090 points, un seuil qui marquait la perte de 20% de la valeur de l'indice depuis l'atteinte de son sommet en avril dernier.

Les indices américains ont toutefois quelque peu freiné leur recul à la suite des propos rassurants qu'a tenus hier matin Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale (Fed), qui prenait la parole devant la Commission économique mixte du Congrès.

Le président de la Fed, rapporte l'Agence France-Presse, a déclaré que son institution était «prête à prendre des mesures supplémentaires appropriées pour favoriser un renforcement de la reprise économique dans un contexte de stabilité de prix». Ce qui indique que la Réserve fédérale pourrait assouplir encore davantage sa politique monétaire déjà très accommodante.

Mais c'est une déclaration de dernière heure en provenance d'Europe qui a littéralement fait exploser les Bourses américaines. Les ministres des Finances européens pourraient s'entendre pour adopter des mesures en vue de recapitaliser les banques en difficultés.

En moins d'une heure, les Bourses de New York ont effacé toutes leurs pertes pour terminer la journée avec des hausses appréciables. Le Dow Jones a clôturé à 10 808,71 points, en hausse de 153,41 points, le S&P 500 a gagné 24,72 points pour terminer à 1123,95 points et le NASDAQ s'est apprécié de 68,99 points et a fini la séance à 2404,82 points.

Toronto en mode baissier

L'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto, qui avait perdu jusqu'à 400 points en début de séance, a profité du ralliement de dernière minute pour réduire à 73,93 points ses pertes de la journée et clôturer à 11 177,91 points.

Depuis lundi, la Bourse de Toronto est officiellement en bear market, c'est-à-dire que la Bourse canadienne a perdu plus de 20% de sa valeur depuis son sommet atteint en avril dernier.

Selon Denis Durant, économiste et associé principal chez Jarislowsky Fraser, ce marché baissier pourrait perdurer durant plusieurs semaines.

«La Bourse canadienne est fortement exposée aux ressources naturelles. Le marché baissier pourrait donc se poursuivre jusqu'à ce que l'économie mondiale affiche des signes probants d'une croissance de plus de 3%. Pour l'instant, les risques de récession en Europe et la faible activité économique en Amérique du Nord ne laissent pas croire à une croissance mondiale de cet ordre», souligne le spécialiste des marchés.

François Bourdon, chef des placements chez Fiera Spectre, anticipe pour sa part que le marché baissier canadien devrait se résorber dès qu'un peu d'optimisme soufflera dans les nouvelles économiques.

«Le marché est présentement survendu. Dès que les nouvelles seront meilleures, la tendance va revenir à la hausse très rapidement», estime-t-il.