L'Allemagne est favorable à une interdiction des ventes à découvert dans toute l'Europe, a indiqué vendredi le ministère des Finances, saluant les décisions prises en ce sens par la France, l'Italie, l'Espagne et la Belgique.

L'Allemagne interdit les ventes à découvert dites «à nu» depuis l'an dernier, et ce sur tous les titres cotés, a rappelé le ministère dans une prise de position écrite.

«Nous nous engageons pour une interdiction substantielle des ventes à découvert en Europe», a-t-il poursuivi, «seule à même de contrer de manière convaincante la spéculation destructive».

La Grande-Bretagne a aussitôt fait savoir qu'elle n'envisageait pas d'interdire les ventes à découvert.

La France, l'Italie, l'Espagne et la Belgique, dont les Bourses, et surtout les valeurs financières, ont été dans le collimateur des investisseurs ces derniers jours, ont annoncé des mesures pour restreindre la pratique des ventes à découvert. Elles sont limitées dans le temps, en France et en Italie, ou ne concernent que certains titres.

La fédération allemande des banques privées BdB considère que ces mesures nationales, «patchwork de règles différentes», «sont acceptables de manière temporaire pour calmer les marchés dans une situation d'exception, mais ne doivent pas se pérenniser», a commenté vendredi son président Michael Kemmer.

Le BdB milite pour «des règles européennes raisonnables, qui doivent prendre en compte le fait que les ventes à découvert remplissent une fonction importante dans la constitution des prix». La fédération est contre une interdiction pure et simple du mécanisme.

Celui-ci consiste à emprunter un actif dont on pense que le prix va baisser et à le vendre, avec l'espoir d'empocher une forte différence au moment où il faudra le racheter pour le rendre au prêteur. Cette pratique est accusée de précipiter la chute des actions les plus fragiles, et d'aggraver l'instabilité sur les marchés financiers.

L'autorité allemande des marchés financiers Bafin avait décidé en mai 2010, au coeur de la première crise de la dette grecque, d'interdire les ventes à découvert «à nu», forme poussée à l'extrême de la vente à découvert, où l'actif vendu n'est même pas emprunté.

La décision du Bafin, qui avait été critiquée par les partenaires de l'Allemagne comme une initiative non concertée, concernait au départ seulement une dizaine de titres financiers de la Bourse de Francfort. Mais elle a ensuite été étendue à toutes les actions négociées en Allemagne, et transposée dans une loi en juillet 2010. L'interdiction vaut aussi pour la vente à nu de «credit default swap» (CDS) sur des titres de dette souveraine.

Les CDS sont des contrats d'assurance contre le défaut de paiement, qui font l'objet d'un marché spéculatif à part entière et dont les échanges sont accusés d'amplifier les mouvements de marché.