Le mouvement de contestation au Moyen-Orient a poussé le cours du pétrole et de l'or à la hausse, ces dernières semaines. Mais hier, ce sont les inquiétudes sur la santé économique de la Chine et de l'Europe qui ont marqué les marchés. Résultat: les places boursières de Toronto et de New York ont connu leur pire journée depuis le mois d'août, confirmant la correction amorcée depuis la fin de février.

À Toronto, l'indice composé S&P/TSX a chuté de 246,13 points, hier, soit 1,77%. À la Bourse de New York, l'indice S&P 500 a reculé de 24,91 points, ou 1,89%.

La performance d'hier confirme la correction amorcée à la fin de février, soulignent les experts joints hier. L'économiste Stéfane Marion, stratège en chef à la Banque Nationale, estime que l'indice S&P 500, qui regroupe les 500 plus importantes capitalisations boursières du Dow Jones, a chuté de 3,2% depuis le 22 février. Le TSX, plus volatil encore, a cédé 4,4% pendant la même période.

«C'est évident qu'il y a des inquiétudes dans le paysage quant aux bénéfices des entreprises, fait valoir M. Marion. C'est un environnement qui demeure des plus incertains.»

Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux, n'est guère étonné par le repli des derniers jours. Il a plutôt été surpris par la résilience des marchés depuis la mi-février, début de la crise politique en Libye qui a fait bondir le cours du pétrole.

«Cette semaine, on a senti le vent tourner et ça a culminé aujourd'hui, a expliqué M. Delisle. Ça n'a rien à voir avec la Libye et tout à voir avec le retour de certains risques en Europe et de chiffres économiques décevants en Chine.»

La santé économique de l'Europe continue en effet d'inspirer les inquiétudes.

À la fin de mars, les dirigeants de la zone euro adopteront des mesures pour stabiliser les finances de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal.

L'agence Moody's a fait grimper l'incertitude d'un cran, hier, lorsqu'elle a abaissé la cote de l'Espagne.

La Chine a pour sa part dévoilé hier son premier déficit commercial en près d'un an. Cette annonce a été interprétée par plusieurs observateurs comme un signe que la deuxième économie au monde ralentit. Un tel scénario pourrait provoquer une baisse de la demande des matières premières, notamment le pétrole.

Le prix du brut a d'ailleurs chuté de 1,68$US, hier. Le baril s'échangeait à 102,70$US à la fermeture des marchés.

Les marchés ont tendance à être volatils en période de tension géopolitique, souligne Stéfane Marion, encore davantage lorsque les banques centrales relèvent leurs taux d'intérêt comme elles s'apprêtent à le faire.

«Je ne pense pas qu'on soit dans un environnement où le paysage économique s'est assombri au point de nous amener dans un marché baissier», estime toutefois l'économiste.

Vincent Delisle, de Scotia Capitaux, ne croit pas que le rebond en bourse soit terminé, lui non plus. Il fait valoir que le S&P 500 s'est apprécié de 28% entre le 15 août et la fin de février, après avoir subi une correction de 20% dans les mois précédents.

«Ça faisait six mois que le marché n'avait pas trébuché, a-t-il souligné. C'était normal, et même souhaitable, qu'il prenne une pause.»