Les autorités boursières américaines ont lancé mercredi une réforme visant à limiter les ventes à découvert d'actions, technique qui consiste à spéculer sur la baisse d'un titre et qui est accusée d'avoir précipité la chute de certaines valeurs financières à l'automne.

Le régulateur des marchés, la Securities and Exchange Commission (SEC), a présenté cinq propositions qui vont maintenant être soumises aux commentaires du public pendant 60 jours.

Ces propositions reflètent deux approches différentes, ont expliqué les représentants de la SEC, lors d'une réunion transmise sur son site internet.

La première serait d'encadrer la pratique pour toutes les valeurs, en permanence. Elle se base sur le retour de l'«uptick rule», qui n'autorise la vente à découvert que si la dernière transaction s'est faite à un prix supérieur au prix de la précédente.

Cette règle, mise en place pendant la Grande dépression des années 30, avait été abolie en 2007 par la SEC.

L'autre approche viserait à interdire ou limiter les ventes à découvert uniquement sur les titres en forte baisse, par exemple de plus de 10%.

La vente à découvert consiste à emprunter une action dont on pense que le prix va baisser et à la vendre aussitôt. Une fois que le cours a diminué, le spéculateur la rachète pour la restituer au prêteur, en empochant la différence. Employée massivement, cette technique précipite la chute du cours.

Elle avait été interdite entre le 19 septembre et le 10 octobre sur plus de 800 valeurs, notamment financières, pour éviter leur effondrement en Bourse sur de simples rumeurs.

Cette technique avait été mise en cause par exemple dans l'effondrement boursier qui avait précédé la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers en septembre.

De nouveau autorisées, elles doivent cependant être déclarées, une mesure qui court jusqu'en août.

Dans un communiqué, la SEC a expliqué ouvrir ce dossier «en raison de conditions extrêmes sur le marché et la détérioration de la confiance des investisseurs qui en résultent».

«La pratique de la vente à découvert a clairement à la fois de forts partisans et détracteurs», a reconnu la nouvelle présidente de la SEC, Mary Schapiro pendant la réunion.

La vice-présidente de l'Association américaine des banques (ABA), Sarah Miller, a jugé dans un communiqué que la remise en place de l'«uptick rule» était la «bonne chose à faire» pour restaurer «la confiance des investisseurs» et «l'intégrité des marchés».