(Montréal) Le virage numérique entrepris par les services gouvernementaux n’est pas sans heurts pour tout le monde. Des groupes demandent au gouvernement de maintenir les services en personne pour ceux qui éprouvent des difficultés.

Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation, appuyé par d’autres organismes, a publié une déclaration, demandant notamment au gouvernement de penser à ces personnes qui se retrouvent laissées pour compte ou démunies face au virage numérique.

Ces personnes qui éprouvent des difficultés sont des aînés, des personnes peu alphabétisées, des personnes handicapées ou déficientes, des personnes assistées sociales ou vivant dans la pauvreté, par exemple.

C’est aussi un parent désemparé qui peine à aider son enfant dans ses travaux scolaires et qui reçoit les communications de son école en ligne.

La pandémie de la COVID a accéléré le virage numérique qui était déjà amorcé, a rappelé en entrevue Cécile Retg, responsable de la défense collective des droits au Regroupement.

Il peut s’agir de prendre un rendez-vous médical en ligne, de remplacer une carte d’assurance maladie en ligne, de faire un changement d’adresse en ligne ou une demande en ligne pour un service gouvernemental. Tous n’ont pas la même aisance, rappellent ces groupes.

« C’est quelque chose qui peut toucher beaucoup de personnes, parce qu’effectivement, à différentes échelles, on vit tous des enjeux avec le numérique. Ça nous est tous arrivé de devoir faire des démarches en ligne et puis d’être un peu coincés ou embêtés, parce qu’on ne trouve pas le formulaire, par exemple, sur un site ou parce que le formulaire bogue. Donc, ça peut toucher énormément de gens », a résumé Mme Retg.

Le Regroupement, appuyé par l’Association québécoise de défense des personnes retraitées et préretraitées, du Front commun des personnes assistées sociales, du Collectif pour un Québec sans pauvreté et de la Fédération des mouvements personne d’abord du Québec, invite aussi le public à signer cette déclaration.

Elle sera éventuellement remise au gouvernement du Québec.

Mme Retg donne l’exemple du système de l’assurance-automobile SAAQclic, qui a connu bien des ratés. « C’est pour ça qu’on dit au gouvernement : il faut ralentir, parce que ça n’a pas très bien fonctionné, disons-le. »

Ces groupes tiennent surtout à ce que les personnes qui éprouvent des difficultés avec le virage numérique puissent obtenir de l’aide en personne. Plusieurs éprouvent déjà de la gêne, de la honte, de la perte d’estime de soi à cause de leurs difficultés en lecture, en numératie, en informatique.

Ces groupes déplorent aussi le phénomène voulant qu’il en coûte parfois davantage pour remplir un formulaire papier qu’un formulaire en ligne. Pour des personnes assistées sociales ou peu nanties, les dollars supplémentaires exigés pèsent dans leur maigre revenu.