Quand il ne joue pas au tennis, Janko Tipsarevic aime lire. Et pas n'importe quoi.

Au fil des tournois, le 24e joueur mondial a parcouru les oeuvres de philosophes comme Kant, Hegel, Schopenhauer et Nietzsche. «Il ne faut pas nécessairement être d'accord avec toutes leurs théories, sinon on devient fou comme eux. Mais j'aime prendre certaines choses de chacun d'entre eux», dit-il.

Le partenaire de double de Novak Djokovic ouvre encore parfois ses livres de Friedrich Nietzsche, mais à plus faible dose. «C'est plutôt sombre, dit-il. Ça ne me relaxe pas vraiment.»

Ses lectures préférées? Les romans de l'écrivain russe Fyodor Dostoïevski, son auteur fétiche. Particulièrement L'Idiot, un roman publié en 1869 sur la naïveté de l'homme mettant en scène les amours d'un jeune prince. «Dostoïevski a beaucoup écrit sur la souffrance et le sacrifice, dit Tipsarevic. Bien sûr, c'était une époque différente, mais il réussit à exprimer tellement de sentiments en aussi peu de pages!»

À Montréal, le Serbe de 27 ans a apporté dans ses bagages Pour en finir avec Dieu, un essai du biologiste britannique Richard Dawkins qui réfute l'existence de l'être divin. «Ce n'est pas facile à comprendre, car il y a plein de concepts autour de la religion aux États-Unis que je ne saisis pas vraiment, mais je continue à lire», dit Tipsarevic, qui joue son premier match en simple aujourd'hui contre Alejandro Falla.

Sa passion pour la littérature et la philosophie l'aide-t-elle à mieux gérer les défis d'un joueur de tennis professionnel? «Non, pas du tout», dit celui qui ne veut pas mêler sport et philosophie, sauf pour répondre que «Nietzsche se serait suicidé après une défaite au tennis».

Tipsarevic ne fait pas que lire et jouer au tennis dans la vie. En prévision de son après-carrière, il vient d'ouvrir une agence sportive en Serbie, en association avec Global Sports Serbia, afin de recruter de jeunes joueurs de tennis. «Je ne veux pas signer un contrat avec des athlètes juste pour signer un contrat avec des athlètes, dit-il. Il faut s'en occuper et ça demande du temps, quelque chose que je n'ai pas. Pour être parmi les meilleurs joueurs de tennis du monde, il faut être avare de son temps.»

S'il ne mêle pas tennis et littérature, Janko Tipsarevic a toutefois lu Winning Ugly de l'entraîneur Brad Gilbert, un ouvrage qui aborde l'aspect mental de son sport. «Ce n'est pas mauvais. C'est vrai qu'il faut être égoïste pour vouloir devenir numéro un au monde. Je ne suis toutefois pas un fan de la façon dont la victoire y est présentée. Sur le terrain, je veux tout faire pour gagner, mais je ne joue pas dans la tête de mon adversaire. Les grands champions comme Nadal, Federer, Djokovic et Murray ne s'amusent pas à vous faire perdre votre concentration», dit Tipsarevic, qui a vaincu Andy Roddick à l'US Open l'été dernier. Le match le plus mémorable de sa carrière reste sa défaite de 10-8 à la cinquième manche contre Roger Federer à l'Open d'Australie en 2008.

Malgré sa passion pour la lecture, Janko Tipsarevic ne se considère pas comme l'intello de l'ATP. «J'aime lire, mais ça ne fait pas de moi quelqu'un de plus intelligent que les autres», dit-il.

Cultivé, égoïste et modeste.