Michael Woods n’a pas pris le départ d’une course depuis le dernier Tour de France, quand il a gagné une première étape en carrière. Maintenant, ses jambes sont prêtes pour les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal (GPCQM), les 8 et 10 septembre, où il espère mettre la main sur l’étape métropolitaine.

« Le but pour moi, c’est vraiment Montréal, a-t-il dit de sa résidence d’Andorre en visioconférence, jeudi. Québec aussi, mais Montréal est un circuit davantage fait pour mon style, avec un fort dénivelé. Mais c’est certain que je veux bien courir [à Québec] aussi.

PHOTO THOMAS SAMSON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Michael Woods lors de sa victoire à la 9e étape du dernier Tour de France, le 9 juillet dernier

« Je suis prêt. J’ai fait de bons entraînements ces dernières semaines et j’ai bien récupéré après le Tour [de France], pendant lequel je suis tombé malade. Mais après une bonne semaine de récupération, j’ai pu reprendre l’entraînement. Maintenant, mes jambes sont prêtes. »

Woods, qui a signé des victoires à la Vuelta et au Tour de France, n’a pas participé aux étapes québécoises du World Tour UCI depuis 2019, alors qu’il avait pris le huitième rang à Montréal et terminé 17e à Québec.

Ces deux étapes sont vraiment importantes pour mon équipe, mais aussi pour moi. C’est là que tout a commencé. C’est grâce à ces courses que j’ai pu atteindre le niveau où je suis aujourd’hui.

Michael Woods

S’il veut obtenir de bons résultats dans les deux étapes, il ne sera toutefois pas le meneur d’Israël-Premier Tech pour l’étape de la Vieille Capitale.

« On a un jeune coureur, Corbin Strong. C’est vraiment un coureur dans le style de Michael Matthews, il est vraiment fait pour une course comme Québec, alors c’est certain que je ne serai pas le meneur pour cette course. Mais à Montréal, j’espère que je pourrai être un coureur protégé. On l’a vu l’an dernier : même un grimpeur comme Simon Yates est en mesure de gagner.

« Ce sera dur, c’est toujours compliqué Montréal, a ajouté Woods. J’avais terminé huitième en 2019. J’étais très fort dans les ascensions, selon moi, mais les sprints étaient très durs. Mais même si je n’ai pas le meilleur sprint après 220 km dans les jambes et près de 5000 m de dénivellation, je peux gagner. »

Édition record

Cette 12e édition des GPCQM sera disputée par 23 équipes cyclistes, un record. De ce nombre, 18 sont inscrites au World Tour et 5 ont été invitées par les organisateurs, dont l’équipe nationale du Canada et Israël-Premier Tech.

Le succès des GPCQM n’est pas étranger au fait que des athlètes comme Woods et les Québécois Hugo Houle, Guillaume Boivin et Antoine Duchesne, maintenant à la retraite, ont connu beaucoup de succès sur la scène internationale ces dernières années.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

La 12e édition des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal sera disputée par 23 équipes, un record.

« Ce sont des ambassadeurs de premier plan, a souligné Sébastien Arsenault, le président-directeur général de l’évènement. On le voit avec les foules : nous avions plus de 220 000 spectateurs pour deux courses l’an dernier. On sent aussi l’engouement au niveau corporatif. On a plus de demandes pour des loges. Mais on est en bordure de rues : on n’a pas la place qu’on voudrait pour en mettre plus. »

L’immense succès qu’ont connu les deux courses depuis leur création fait-il des petits ? L’UCI compte-t-elle ajouter des étapes en Amérique ?

« C’est un sport majoritairement européen, a nuancé Arsenault. Est-ce qu’on a le monopole ? Non. Est-ce que certaines personnes peuvent le croire ? Peut-être. Je le dis sans prétention : quand on organise des évènements de cette qualité – la foule est au rendez-vous, les coureurs veulent venir, les directeurs sportifs envoient les meilleurs cyclistes à ce stade-ci de la saison pour aller chercher des points du World Tour UCI –, [ça crée un engouement]. »

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Le président-directeur général des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, Sébastien Arsenault

Mais il faut faire attention : dans le désir de développer le circuit dans le passé, l’UCI a accouché de souris. Des courses qui font patate deux ou trois ans plus tard, ça ne rend service à personne.

Sébastien Arsenault, président-directeur général des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal

« Ce sont aussi des courses qui sont très coûteuses. Dans certains pays, c’est moins complexe, car la télévision nationale s’occupe de la télédiffusion à 100 %. Ici, c’est à notre charge financière. Ça coûte près d’un million de dollars pour télédiffuser ces deux courses partout à travers le monde. Une organisation qui souhaiterait donc obtenir une course du World Tour se devrait d’avoir l’ensemble de ces éléments, parce que de plus en plus, ces courses offrent cette qualité. »

L’organisation détient une troisième licence UCI World Tour, mais ajouter une troisième étape n’est pas chose simple.

« Une cinquantaine de courses voudraient avoir cette licence depuis plusieurs années et ne l’auront pas. Pour organiser une troisième course de ce calibre – dans les Cantons-de-l’Est, par exemple, on en parle depuis quelques années –, on doit s’assurer que le montage financier a du sens. C’est un sport qui est gratuit : je n’ai pas de recettes aux guichets comme au tennis ou à la Formule 1, par exemple. […] Il reste encore beaucoup de trucs à attacher. L’intérêt y est, par contre.

« Même chose pour [des étapes féminines]. Le cyclisme international investit beaucoup pour rehausser le cyclisme féminin. Si demain matin nous avions une épreuve féminine de ce niveau, je devrais être en mesure d’offrir les mêmes standards aux femmes que j’offre aux hommes : les avions, l’hébergement, la bouffe, la télédiffusion. Par contre, il y a une réalité qui est souvent décevante. Le spectacle est souvent égal, mais l’audience télévisuelle n’est pas toujours au rendez-vous. »