Dean Potter, casse-cou renommé dans le milieu des sports extrêmes, a trouvé la mort en compagnie d'un ami dans le parc national de Yosemite, en Californie, après ce qui semble être un accident base-jump.

Dean Potter, 43 ans, et Graham Hunt, 29 ans, se sont tués samedi soir après un saut depuis Taft Point, l'un des hauts promontoires du célèbre parc national californien, où la pratique est interdite, selon la chaîne ABC qui citait un porte-parole du parc, Scott Gediman.

Les deux hommes tentaient apparemment un saut en «wingsuit», une combinaison qui ressemble à une forme de chauve-souris et qui permet de planer. Ensuite, arrivés près du sol, les base-jumpers déploient normalement leur parachute pour se poser en douceur.

Mais après des rumeurs d'un accident, un hélicoptère a repéré deux corps dimanche. Des rangers du parc se sont rendus sur place et ont identifié Dean Potter et Graham Hunt.

Selon d'autres médias, les deux hommes auraient heurté une paroi en tentant de voler à travers un passage étroit entre deux montagnes. Ils n'avaient pas encore ouvert leurs parachutes.

Dean Potter était une figure reconnue de nombreux sports extrêmes, notamment de base-jump, d'alpinisme, d'ascensions éclairs ou de «slackline» (une pratique qui s'apparente au funambulisme): internet regorge ainsi d'images impressionnantes du grand Dean Potter en train de marcher sur une fine corde, sans être assuré, au-dessus de centaines de mètres de vide.

Le site internet spécialisé dans l'escalade Climbing.com le décrit comme «l'une des figures les plus créative, énergique et controversée de l'alpinisme moderne», rappelant qu'il avait «brisé des barrières de rapidité dans des ascensions en solo», notamment des principaux sommets du parc de Yosemite, où il habitait.

Sauter au crépuscule

Climbing.com rappelle aussi que le sportif de l'extrême était monté en 2006 sur Delicate Arch, dans l'Utah, un des appendices rocheux les plus célèbres des États-Unis, ce qui avait provoqué une tempête de protestations et lui avait fait perdre un de ses principaux commanditaires.

Lundi, le créateur de wingsuit basé en Floride Tom Uragallo s'est affirmé «bouleversé». «C'était la personne la plus gentille que j'aie jamais connue», a-t-il dit à l'AFP.

Lui-même pratiquant, il explique que l'interdiction de sauter dans les parcs nationaux américains amène les passionnés à prendre des risques et sauter au crépuscule, pour ne pas être arrêtés. «C'est le plus gros problème. Quand je fais quelque chose d'extrême [comme le base jumping], je ne veux pas sauter dans le noir», dit-il.

Pour Taya Weiss, qui pratique également ce sport, cette interdiction «n'améliore pas les choses, et ne va pas non plus les faire disparaître», dit-elle à l'AFP en estimant qu'elle ajoute un risque supplémentaire à un sport déjà très dangereux.

Sur la page Facebook de Dean Potter, des amateurs de sports extrêmes du monde entier rendaient hommage à cette figure admirée pour son courage. «C'était vraiment l'un des êtres humains les plus étonnants que j'ai connu», écrit ainsi Scott Jurek, un spécialiste de l'ultra-marathon.

Dans une interview au New York Times en 2008, Dean Potter expliquait: «une partie de moi dit que c'est complètement fou de penser que vous pouvez faire voler votre corps humain. Mais une autre partie de moi pense qu'on a tous fait ce rêve de pouvoir voler. Pourquoi ne pas essayer? Chasser l'inatteignable est ce qui rend la chose marrante».

Dean Potter était aussi revenu sur les dangers, sur sa page Facebook début avril: «Les gens croient souvent à tort que, parce que je pratique des sports d'extérieur parmi les plus dangereux depuis plus de 30 ans, je ne ressens pas la peur. Mais sur cette photo tirée de notre film When Dogs Fly, il est facile de discerner la pression sur mon visage alors que je fais face à des émotions intenses et que je calcule nos chances de survie avant de me jeter d'un hélicoptère dans les Alpes suisses».

Graham Hunt était un partenaire de saut de Dean Potter depuis plusieurs années et était lui-même un alpiniste de haut vol.

Le base jump consiste à se lancer, muni d'un parachute, d'un support fixe et non d'un avion: montagne, gratte-ciel, antenne ou autre point culminant. Cette pratique est interdite dans les parcs nationaux américains.