Le gouvernement indépendantiste catalan a dénoncé jeudi les «graves menaces» de Madrid qui, pour empêcher la tenue d'un référendum d'autodétermination, envisagerait d'imposer la fermeture d'écoles, voire de reprendre le contrôle direct de la police régionale, selon la presse.

«Cette menace est très grave, et elle porte atteinte à l'essence de la démocratie: empêcher l'accès aux collèges électoraux», les bureaux de vote qui seraient installés dans les écoles, a déclaré jeudi la porte-parole du gouvernement indépendantiste catalan, Neus Munté.

L'exécutif catalan prévoit d'organiser en septembre 2017 un référendum d'autodétermination proscrit par la Cour constitutionnelle, et envisage même désormais de l'avancer.

«Nous vivons des circonstances très exceptionnelles (...) et il est possible que le calendrier soit changé», a ainsi déclaré Mme Munté cette semaine.

C'est la réponse que le gouvernement régional pourrait apporter à une éventuelle condamnation en justice de hauts dirigeants séparatistes, notamment Artur Mas, l'ancien président catalan, pour avoir organisé une consultation sur l'indépendance le 9 novembre 2014 en passant outre l'interdiction de la Cour.

Carme Forcadell, la présidente du Parlement, est également poursuivie pour avoir soumis au vote une résolution appelant à la désobéissance à la Cour.

Artur Mas, jugé à partir de lundi pour «désobéissance», risque une interdiction d'exercer une fonction publique.

Les tensions entre Madrid et les dirigeants de la région de 7,5 millions d'habitants grandissent d'année en année, depuis que la justice a annulé, en 2010, un «statut» qui lui laissait de très amples compétences.

Le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy répète sans cesse qu'il ne permettra pas d'atteintes à la légalité.

Plusieurs journaux espagnols assuraient jeudi qu'il envisage d'empêcher l'accès aux écoles - qui avaient servi de bureaux de vote en novembre 2014 - pour éviter un nouveau référendum symbolique.

La presse assure aussi que le gouvernement central pourrait reprendre le contrôle des «Mossos», la police catalane, dirigée par la région.

Mais jeudi, la vice-présidente espagnole Soraya Saenz de Santamaria n'a pas confirmé ces informations, appelant au «dialogue», «dans le respect de la loi».

Neus Munté a de son côté assuré qu'en cas de fermeture des écoles, les Catalans voteraient ailleurs.

Après une tentative de dialogue au début de l'année, la tension a repris le dessus depuis fin janvier, notamment suite aux déclarations d'un élu indépendantiste qui affirmait que le gouvernement catalan volait des données fiscales privées pour mettre en place un Trésor indépendant.

L'exécutif catalan avait démenti, assurant qu'il pouvait se procurer tout à fait légalement ces informations.