L'enquête pour «non-dénonciation» d'agressions sexuelles sur mineurs et «non-assistance à personne en danger» dans laquelle le cardinal français Philippe Barbarin avait été mis en cause a été classée sans suite, a annoncé lundi à l'AFP le procureur de la République de Lyon (centre-est).

Des victimes d'un prêtre, Bernard Preynat, inculpé fin janvier pour des agressions sexuelles commises sur des scouts il y a plus de 25 ans, reprochaient au cardinal de ne pas avoir dénoncé les agissements de ce religieux à la justice. Elles estimaient aussi que Philippe Barbarin l'avait laissé en poste trop longtemps, jusqu'en août 2015, dans une paroisse où il était au contact d'enfants.

Au terme d'une enquête préliminaire ordonnée en mars, le procureur Marc Cimamonti a estimé que les infractions visées n'étaient pas constituées, notamment celle particulièrement sensible de la «non-dénonciation».

«C'est la décision du procureur de la République, elle lui appartient. Je ne suis pas positionné pour juger. Et nous, nous sommes sur un débat moral, pas juridique», a réagi l'un des plaignants et membre de l'association la Parole Libérée, François Devaux. «Ce qui m'intéresse, c'est le débat de société. Combien de temps les citoyens français vont accepter que des prêtres pédophiles soient en lien avec des enfants?», a-t-il ajouté.

Après sa mise en cause, le pape François avait apporté son soutien au cardinal Barbarin. Dans le même temps, le pape a ouvert la voie à la révocation d'évêques coupables de «négligence» face à des cas de pédophilie.

En avril, le cardinal Barbarin avait reconnu «des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres» et demandé pardon aux victimes. L'Église de France avait de son côté annoncé des mesures visant à faire «la lumière» sur la pédophilie dans ses rangs, y compris sur les faits les plus anciens.

Fin juin, le cardinal Barbarin avait relevé quatre prêtres de leurs fonctions, soulignant ainsi sa volonté de tirer les leçons du passé. Selon une source diocésaine qui n'a pas donné d'identités ni de détails sur leurs dossiers, ces prêtres avaient été «mis en cause ou non dans la presse, déjà condamnés ou non».

L'affaire impliquant Bernard Preynat, visant des agressions sexuelles commises sur des scouts entre 1986 et 1991, est complexe : les faits sont anciens et le cardinal Barbarin, qui assure n'avoir «jamais couvert le moindre acte de pédophilie», n'est arrivé dans le diocèse de Lyon qu'en 2002. Soit onze ans après le dernier fait retenu par la justice contre le père Bernard.

À ce jour, un seul évêque français a été condamné pour non-dénonciation, Mgr Pierre Pican, à trois mois de prison avec sursis, en 2001.