Conforté par des sondages de plus en plus favorables, le candidat socialiste à la présidentielle française François Hollande a présenté jeudi ses «60 engagements pour la France», un programme cherchant à concilier ancrage à gauche et réalisme économique.

M. Hollande, dont la première grande réunion de campagne dimanche près de Paris a insufflé à son camp l'enthousiasme qui semblait jusque-là lui faire défaut, a joué jeudi la carte de la responsabilité pour convaincre les électeurs de ses capacités à gouverner la France, que lui dénie la droite au pouvoir.

La présentation de son programme de gouvernement intervient alors que le candidat socialiste creuse encore l'écart avec Nicolas Sarkozy dans le dernier sondage (CSA) publié jeudi. Il est donné vainqueur à 31% contre 25% à M. Sarkozy au premier tour et à 60% contre 40% au second tour.

Nicolas Sarkozy, que François Hollande n'appelle plus que «le président sortant», n'a toujours pas officialisé sa candidature pour l'élection des 22 avril et 6 mai. Mais sa stratégie consistant à rester le plus longtemps possible dans la posture du chef d'État affrontant la crise s'est avérée inefficace.

Devant les spéculations provoquées par ses confidences à des journalistes sur une éventuelle défaite, il pourrait être amené à descendre dans l'arène plus rapidement qu'il ne le souhaitait, peut-être lors d'une intervention télévisée prévue dimanche, et à dévoiler à son tour son programme.

Le candidat socialiste a affirmé avoir fondé le sien sur «quatre principes», «la lucidité» sur l'ampleur de la crise et l'état du pays, «la volonté» pour redresser l'économie et les comptes publics, «la justice» pour les Français, et «la clarté» sur les financements et le calendrier.

«Je ne promets que ce que je suis capable de tenir», a-t-il dit, soulignant la gravité de la crise économique et financière dans laquelle est plongée la France avec toute la zone euro, et à laquelle s'ajoute une «crise morale» provoquée par l'accroissement des inégalités.

Relevant que la France est actuellement en «récession», M. Hollande a retenu une hypothèse de croissance de 0,5% pour l'année 2012 et de 1,7% en 2013, assurant ne rien vouloir dépenser qui ne soit financé.

Il s'est engagé à rétablir l'équilibre des finances publiques à la fin du quinquennat notamment par la suppression de 29 milliards d'euros d'exonérations fiscales. Quant aux dépenses supplémentaires, il les a chiffrées à 20 milliards d'euros, financées par des économies ou des prélèvements.

Il a promis une réforme de la fiscalité, avec une simplification de l'impôt sur le revenu et la création d'une tranche d'imposition pour les plus fortunés, et une réforme du secteur bancaire.

Le candidat, qui a mis les jeunes au centre de son programme, a réaffirmé son intention de créer 60 000 postes en cinq ans dans l'Éducation nationale, prélevés sur d'autres secteurs de la fonction publique, prévu la création de 150 000 emplois d'insertion et annoncé vouloir lutter contre les contrats de travail précaires.

Les 60 mesures, largement consacrées à des réformes économiques et sociales, comptent aussi quelques réformes de société, telles que l'inscription de la loi de séparation des Églises et de l'État dans la Constitution et l'ouverture du droit au mariage et à l'adoption pour les homosexuels.

Les propositions du candidat socialiste ont été aussitôt la cible de la droite au pouvoir: la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse a donné le ton en parlant «d'un projet qui met le modèle social en péril, la crédibilité de la France en péril».

Marine Le Pen, la candidate d'extrême droite (17% dans le dernier sondage), a estimé que le programme socialiste ne rompt pas avec «le modèle ultralibéral». Le centriste François Bayrou (15%, en hausse constante) le juge «très éloigné de ce qu'il faudrait pour un retour à l'équilibre crédible».