Le chef du Parti démocrate, principal parti d'opposition de gauche en Italie, Pier Luigi Bersani, s'est réjoui d'avoir rassemblé «une force énorme» en réunissant des dizaines de milliers de manifestants sur la grande place San Giovanni à Rome, samedi.

Après avoir entonné avec la foule l'hymne italien, M. Bersani a une nouvelle fois réclamé la démission de Silvio Berlusconi, affirmant que «l'Italie se trouve sur le versant plus exposé de la crise (de la zone euro, NDLR) à cause de la politique d'un gouvernement incapable et déconsidéré».

Le PD appelle depuis des mois au départ de M. Berlusconi et a souhaité la formation d'un gouvernement technique qui pourrait être soutenu par une nouvelle majorité regroupant la gauche et différents mouvements centristes. M. Bersani s'est dit également prêt samedi à des élections anticipées par rapport à l'échéance de 2013.

«Pour la reconstruction du pays, nous appelons les Italiens à nous mettre au défi de gouverner, nous montrerons que nous pouvons être un parti de réforme», a dit M. Bersani.

Après la mise sous surveillance de l'Italie par l'Union européenne et le FMI, le chef du PD a promis de «restituer à l'Italie sa dignité, son nom» et de «relancer le rêve d'une Europe ouverte sur l'avenir».

M. Bersani s'en est pris aussi aux partis de droite de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy, estimant que la droite européenne «a mis à genoux l'Europe en commençant par la manière dont elle a géré le problème de la Grèce».

La réunion du PD avait été placée sous le mot d'ordre: «la Constitution italienne, la plus belle du monde».

Les manifestants étaient massés devant un grand podium aux couleurs du drapeau tricolore italien (vert, blanc, rouge) et beaucoup portaient des pancartes et banderoles appelant au départ du chef du gouvernement Silvio Berlusconi sous le slogan: «Silvio va-t-en !!».

«Plus vite on les met à la casse, mieux c'est», était-il écrit sur une autre placardée de photos de ministres de la majorité de centre-droit, mais aussi de l'avocat de M. Berlusconi Niccolo Ghedini, et de son avenante ex-hygiéniste dentaire promue conseillère régionale à Milan, Nicole Minetti.

Sur beaucoup de pancartes, on réagissait aussi avec dédain à des déclarations la veille à Cannes (où s'est déroulé le G20) de M. Berlusconi qui a affirmé que la crise n'était «pas forte» en Italie et que «tous les restaurants et les avions étaient pleins».

«Je vais au resto, mais pour faire la plonge», pouvait-on lire sur l'une d'elles.

Des manifestants portaient aussi des mannequins à l'effigie d'Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord et allié clé du gouvernement.

«Honte, honte!» et Silvio démissionne!», étaient les slogans les plus répétés par la foule.

Matteo Renzi, jeune maire de Florence, considéré comme une étoile montante de la gauche, mais décrié parfois, car jugé trop modéré, a été contesté à son arrivée par des manifestants dont certains l'ont traité de «communiste de droite», tandis que d'autres lui disaient d'«aller à Arcore», la résidence de M. Berlusconi où il avait été reçu il y a quelques mois pour un entretien privé controversé.

M. Renzi a répliqué en parlant du PD comme de «sa maison» et en estimant «absurde que l'on puisse envisager qu'il ne participe pas à la manifestation de son parti et n'exprime pas ses idées».