La Russie a assuré jeudi qu'elle ne serait pas «l'avocate» du trafiquant d'armes présumé Viktor Bout, rectifiant le tir dans cette affaire qui risque d'empoisonner ses relations à peine améliorées avec Washington.

«Nous n'avons pas du tout l'intention d'être les avocats de Bout, on ne dit pas qu'il n'a rien commis d'illégal. Nous l'ignorons tant que la justice n'est pas rendue», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov cité par l'agence Ria Novosti.

 

Ces déclarations tranchent avec celles faites par M. Lavrov mardi lorsqu'il avait qualifié l'extradition de M. Bout vers les États-Unis d'«extrême injustice» et s'était engagé à le soutenir «par tous les moyens».

Plus tôt dans la journée, le conseiller diplomatique du Kremlin Sergueï Prikhodko avait souligné que la Russie n'avait pas de secrets militaires à cacher dans l'affaire de Viktor Bout qui vient d'être extradé de Thaïlande aux États-Unis où il a plaidé non coupable.

«Nous n'avons rien à cacher, nous n'avons pas de secrets militaires ou autres. Nous souhaitons que l'enquête soit menée à bien, il doit répondre aux questions de la justice américaine», a déclaré M. Prikhodko en marge d'un sommet à Bakou, cité par l'agence Ria Novosti.

Viktor Bout, 43 ans, a plaidé non coupable devant un tribunal de New York mercredi, au lendemain de son arrivée aux États-Unis après son extradition de Thaïlande.

Il risque au maximum une peine d'emprisonnement à vie et au minimum une peine de 25 ans s'il est reconnu coupable.

Viktor Bout est accusé d'avoir utilisé une flotte d'avions cargos pour transporter des armes en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient. Ayant utilisé au moins sept pseudonymes dans sa carrière, et parlant six langues, il est considéré par certains comme un ex-membre du renseignement militaire de Moscou.

«Nous avons toujours dit que les trafiquants de drogue, d'être humains et d'armes méritaient indéniablement d'être condamnés», a souligné M. Prikhodko.

Mais «en conformité avec la loi, la Russie offre et offrira une assistance à tout citoyen qui se trouvera dans une situation difficile à l'étranger, indépendamment de l'évaluation juridique de la situation», a-t-il dit.

«Cela ne veut pas dire qu'on les justifie a priori. Toute conjecture à ce sujet est déplacée», a-t-il poursuivi.

Selon des analystes, le procès de Viktor Bout aux États-Unis risque de jeter une ombre sur les fragiles relations russo-américaines.

La ratification du traité de désarmement nucléaire START, la pierre angulaire de la «remise à zéro» des relations bilatérales prônée par les présidents américain Barack Obama et russe Dmitri Medvedev est incertaine après les élections législatives aux États-Unis du 2 novembre remportées par les républicains.

Dans une analyse publiée jeudi, le Washington Post juge très faibles les chances que le président parvienne à s'imposer sur le traité START, l'opposition voulant éviter de lui offrir une victoire politique si peu de temps après la sévère défaite des démocrates aux législatives.