Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a marqué quelques points lundi dans la crise des retraites qui, selon lui, menace l'économie française, avec la fin de la grève dans trois raffineries et le déblocage de plusieurs dépôts de carburant.

Les salariés des deux raffineries Esso du groupe américain Exxon-Mobil ont voté la reprise du travail, de même que ceux de la raffinerie du groupe suisse Petroplus, située à Reichstett. Neuf raffineries, sur les 12 du pays, restaient cependant en grève.

L'industrie pétrolière notait aussi une amélioration dans les dépôts de carburant. Neuf sites (sur 219 dépôts au total), ceux rattachés aux raffineries en grève, restaient bloqués, après l'intervention de la police pour permettre l'approvisionnement dans plusieurs d'entre eux.

Le secteur stratégique du pétrole et des carburants est devenu depuis deux semaines le fer de lance de la contestation des syndicats contre le projet de réforme des retraite de Nicolas Sarkozy.

Autre signe de détente: le syndicat majoritaire chez les éboueurs de Marseille a appelé lundi à la reprise du travail.

Les grèves ont failli entraîner la paralysie du pays et la situation restait encore très tendue lundi, en pleines vacances d'automne, avec en moyenne une station-service sur trois en difficulté.

Le texte de loi très impopulaire, qui prévoit de reculer de 60 à 62 ans l'âge minimal de départ à la retraite, doit être adopté définitivement mercredi par le Parlement. Mais les syndicats ne désarment pas.

Ils promettent de nouveaux bras de fer dans la rue cette semaine, avec une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations jeudi dans tout le pays, précédée mardi de protestations d'étudiants. Une autre journée d'action aura lieu le 6 novembre.

Le gouvernement a insisté lundi sur l'impact économique de tels mouvements sociaux. La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, a évalué le coût des grèves à «entre 200 et 400 millions d'euros par jour».

Selon le journal conservateur Le Figaro, qui cite les services du ministère de l'Économie, la facture totale pour les huit journées nationales de grèves et manifestations irait «de 1,6 milliard à 3,2 milliards d'euros».

La ministre a lancé à nouveau «un appel à la responsabilité», souhaitant une reprise de l'activité «le plus vite possible dans des conditions normales».

La contestation de la réforme des retraites constitue la plus grande crise pour Nicolas Sarkozy depuis son élection en 2007.

Au plus fort de la mobilisation, mi-octobre, entre 1,2 et 3,5 millions de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer une refonte de la réforme, jugée «injuste» par l'opposition et une large partie de l'opinion mais «indispensable» par le gouvernement étant donné l'allongement de la durée de la vie.

Très impopulaire, Nicolas Sarkozy a prévenu qu'il ne cèderait pas sur cette réforme, dont il a fait le symbole de sa capacité à changer la France et sur laquelle il compte capitaliser avant de remanier son gouvernement dans la perspective de la présidentielle de 2012.

Après son adoption définitive par le Parlement, la loi sera sans doute promulguée, et donc mise en application, à la mi-novembre.

«Le dossier retraite restera comme le fiasco majeur du gouvernement», a estimé l'ancien premier ministre socialiste Laurent Fabius. Lundi, le porte-parole socialiste Benoît Hamon s'est associé à la CGT, un des principaux syndicats, pour demander à Nicolas Sarkozy de «ne pas promulguer la loi».

Mais le gouvernement semble vouloir aller très vite: une commission de sénateurs et de députés s'est accordée lundi sur un texte commun de la réforme, harmonisant les versions légèrement différentes votées par les deux chambres, avant son adoption par chacune d'elles.