Environ 50 millions d'électeurs turcs sont appelés dimanche à se prononcer par référendum sur une révision de la Constitution qui renforcerait le pouvoir du gouvernement islamo-conservateur, face à l'opposition laïque.

Cette consultation permettra de mesurer la popularité du premier ministre Recep Tayyip Erdogan dont le gouvernement, au pouvoir depuis 2002, soutient des réformes libérales, mais que les laïcs accusent de vouloir islamiser le pays en catimini.

Les bureaux de vote seront ouverts de 08H00 à 17H00 locales. Les premiers résultats devraient être publiés assez rapidement après la fin du scrutin, dès que le Conseil électoral (YSK) le permettera.

Les sondages annoncent un scrutin très serré, pour ce vote qui est obligatoire, sous peine d'amende.

Cette révision a été saluée par l'Union européenne, à laquelle la Turquie souhaite adhérer, comme «un pas dans la bonne direction».

Elle limite les prérogatives de la justice militaire et modifie, au profit du pouvoir en place, la structure de deux instances judiciaires, coriaces adversaires du gouvernement: la Cour constitutionnelle, et le Conseil supérieur de la magistrature (HSYK) qui s'occupe de la nomination des juges et des procureurs.

L'opposition affirme que cette réforme menace l'indépendance de la justice et remet en cause la séparation des pouvoirs.

La révision constitutionnelle soumet également la dissolution des partis politiques au contrôle du Parlement. En 2008, le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) avait échappé de peu à la dissolution, pour activités anti-laïques.

Malgré les divergences d'interprétation sur la prescription ou non des faits, la levée de l'impunité des auteurs du coup d'Etat militaire de 1980 est l'un des points les plus consensuels du projet, qui comprend la révision de 26 articles de la Constitution, écrite en 1982 par les militaires.

Le vote interviendra 30 ans, jour pour jour, après ce coup d'Etat militaire, le troisième de l'Histoire du pays, après 1960 et 1971.

Une victoire du «non» galvaniserait l'opposition, à moins d'un an des prochaines élections générales, remportées haut la main par l'AKP en 2007.