Les Français ont confirmé dimanche, au second tour d'élections régionales, leur vote-sanction contre la majorité de droite du président Nicolas Sarkozy, qui devrait dans les prochains jours annoncer un remaniement ministériel.

Le Premier ministre François Fillon a annoncé qu'il se rendrait dès lundi matin à l'Elysée pour évoquer ce scrutin avec le président.

«Le résultat de ce soir confirme le succès des listes de gauche. Nous n'avons pas su convaincre. Cela constitue une déception pour la majorité. J'assume ma part de responsabilité», a précisé le chef du gouvernement, dont 20 ministres étaient en lice.

La gauche -et ses alliés écologistes- continuera à diriger l'immense majorité des régions françaises, après avoir remporté au niveau national 53,85% des suffrages contre 35,53% au parti présidentiel UMP et ses alliés, selon la totalisation effectuée par l'AFP à partir des données du ministère de l'Intérieur.

En dépit d'une plus forte participation qu'au premier tour -l'abstention est passée de 53,6% à 48,8%-, la droite n'a pas suffisamment mobilisé son électorat pour conserver la Corse, une des deux seules régions de métropole (hors outre-mer) qu'elle détenait jusqu'alors.

Le Front national (extrême-droite), qui était parvenu à se maintenir dans 12 régions, atteint 9,26% au niveau national, avec une poussée à 22% dans le nord et probablement encore plus dans son bastion de Provence (sud) où se présentait son vieux leader Jean-Marie Le Pen, 81 ans.

Après la claque de dimanche dernier, la droite avait battu le rappel de ses troupes, espérant endiguer la déferlante rose-verte (socialiste et écologistes), tandis que des voix s'élevaient dans la majorité pour appeler Nicolas Sarkozy à réagir.

Avant le premier tour, le président français avait affirmé que le scrutin régional n'aurait pas de conséquences nationales. Mais depuis quelques jours, la presse s'attend à un prochain remaniement ministériel et sur son ampleur.

«Quel que soit le cas de figure, il n'y aura pas de grand remaniement», a prévenu dès samedi Claude Guéant, le principal collaborateur de Nicolas Sarkozy. Dimanche soir, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a reconnu la «défaite», sans évoquer ses conséquences à venir.

Au sein du camp présidentiel, certains semblaient prendre leurs distances. Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a pointé la nécessité de construire un «nouveau pacte majoritaire».

De leur côté, la gauche et ses alliés savouraient leur victoire.

«Les Français ont donné ce soir une victoire sans précedent aux listes de la gauche rassemblée (...). Nous recevons cette victoire avec responsabilité», a déclaré la dirigeante du PS, Martine Aubry. «Entendre les Français, c'est changer profondément de politique», a-t-elle lancé.

Ces élections se tiennent à mi-parcours du mandat de Nicolas Sarkozy, en chute dans les sondages ces derniers mois. En offrant une nette victoire à la gauche, elles relancent les socialistes et offrent à Martine Aubry son premier costume de présidentiable à gauche.

Autre figure du PS, la candidate malheureuse contre Nicolas Sarkozy en 2007, Ségolène Royal a confirmé son assise régionale avec un score (plus de 60%) lui permettant d'espérer peser au niveau national.

Les régions sont notamment compétentes dans les domaines des transports et de l'éducation.