Le ministre allemand de l'Intérieur Wolfgang Schäuble a confirmé lundi que Berlin voulait emprisonner et juger des pirates des mers «si des intérêts allemands ont été durablement menacés».

«Pour autant que j'aie compris, la marine allemande devra détenir de telles personnes si des intérêts allemands ont été durablement menacés», qu'il s'agisse de biens ou de personnes, a déclaré M. Schäuble lors d'un colloque à Berlin consacré à la lutte antiterroriste.Le gouvernement allemand doit participer à l'opération Atalante de l'Union européenne, en envoyant une frégate et jusqu'à un millier de militaires. Une décision concrète fixant les modalités de ce déploiement est attendue mercredi en conseil des ministres.

Selon un document officiel du gouvernement cité par plusieurs médias allemands, «l'arrestation de personnes soupçonnées de piraterie n'est pas l'objectif premier de l'opération» allemande.

Un transfert vers l'Allemagne peut avoir lieu «en particulier si des Allemands ont été blessés ou si un bateau sous pavillon allemand a été attaqué». Mais dans les autres cas, soit le pirate sera remis à un pays susceptible de le poursuivre -à condition que ce pays ne pratique pas la torture et que la peine de mort n'y soit pas en vigueur-, soit il sera libéré, précise ce document.

Les forces de l'Union européenne, qui entament lundi une opération contre les pirates somaliens, envisagent de livrer des pirates capturés à un pays tiers comme le Kenya pour y être jugés, avaient indiqué dimanche les ministres allemands des Affaires étrangères Frank Walter Steinmeier et de la Défense, Franz Josef Jung. Une solution qui pourrait être «plus rapide que celle des Nations unies», avait souligné M. Steinmeier.

La nuance se situe entre «interpeller» et «arrêter», ce qui induit des poursuites, a souligné M. Schäuble. «Sur le long terme, je crois qu'en matière de lutte contre la piraterie on ne pourra pas éviter une solution internationale», a-t-il dit.