Malgré la peur qui entoure l'Ebola, un nombre important de Canadiens ont répondu à l'appel de la Croix-Rouge, qui cherche à recruter des volontaires pour combattre le virus en Afrique de l'Ouest. Pour 160 postes à pourvoir, l'organisme a reçu plus de 400 curriculum vitae.

«On a reçu beaucoup de CV et on les analyse, dit Ginette Archambault, directrice des activités internationales à la Croix-Rouge canadienne, notant que la sélection est complexe. Le travail sur le terrain est difficile physiquement et émotionnellement. Parfois, les gens sont prêts à partir, mais leur famille a des réticences», ajoute-t-elle.

L'organisme humanitaire a lancé l'appel de concert avec Santé Canada au cours des dernières semaines. L'agence gouvernementale a débloqué un budget de 5 millions qui permettra à la Croix-Rouge de former et de déployer des Canadiens en Sierra Leone, au Liberia ou en Guinée au cours des dix prochains mois. L'organisme a besoin de médecins, mais aussi de personnel infirmier, de psychologues, de logisticiens et d'experts en mesures sanitaires. Le personnel médical représentera 70% des Canadiens déployés dans le cadre de ce programme.

La réponse canadienne croît

Depuis le début de l'épidémie, en décembre 2013, la Croix-Rouge a déployé tout juste 19 Canadiens dans la zone touchée par l'Ebola. Pour sa part, Médecins sans frontières (MSF), qui a été le premier organisme à faire face à l'épidémie, a envoyé 58 Canadiens dans 30 missions, dont 22 Québécois.

Le gouvernement canadien a aussi envoyé de petits groupes de macrobiologistes en Sierra Leone pour travailler dans le laboratoire mobile de Santé Canada et s'apprête à déployer une quarantaine de médecins et de troupes de l'armée canadienne dans le cadre d'une mission britannique.

«La peur maigrit»

Joint vendredi par La Presse, le médecin Marc Forget, qui est rentré au début du mois d'une mission de MSF à Bo en Sierra Leone, se réjouit d'apprendre qu'autant de Canadiens sont prêts à se porter volontaires. Tous les jours, il est contacté par des médecins et des travailleurs humanitaires qui sont prêts à partir.

«La peur de l'Ebola est en train de maigrir, dit-il. Le côté dramatique s'estompe et la réponse devient de plus en plus pragmatique», ajoute celui qui a aussi participé à une mission en Guinée.

Marc Forget a aussi remarqué qu'il est plus facile pour un travailleur humanitaire de rentrer au pays ces jours-ci qu'aux mois de septembre et octobre, alors que la couverture médiatique de l'Ebola était à son paroxysme et que la peur ambiante frôlait l'hystérie.

À leur retour, les Canadiens qui ont combattu l'Ebola rencontrent des experts de la Santé publique et reçoivent des directives, mais aucune quarantaine n'est imposée par les autorités sanitaires. «La réponse canadienne a été cohérente et appropriée à la situation, dit le docteur Forget. Elle ne banalise pas la maladie, mais n'est pas alarmiste non plus.»

Des signes encourageants

Au bureau central de Médecins sans frontières, on se réjouit aussi de voir la réponse canadienne croître.

«400 C? C'est fantastique. Ça fait des mois qu'on demande au gouvernement canadien d'envoyer plus de gens en Afrique de l'Ouest. Au début, la réponse était plus axée sur la construction d'infrastructures et on laissait les organisations non gouvernementales recruter et former leur propre personnel», note Jonathan Jennings, directeur adjoint de Médecins sans frontières Canada.

Ce dernier rappelle que l'épidémie d'Ebola est loin d'être maîtrisée.

«Malgré les efforts déployés, nous faisons face à plus de cas d'Ebola aujourd'hui qu'en septembre. Il y a des signes encourageants au Liberia, mais des signes décourageants en Sierra Leone et en Guinée. Nous ne sommes pas en train de gagner cette bataille. Nous essayons toujours de rattraper la situation», dit-il.

Selon le plus récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé, 15 319 cas d'Ebola ont été rapportés en Afrique de l'Ouest.

De ce nombre, 5444 personnes ont succombé à la maladie