Le nombre de personnes qui ont contracté le virus Ebola depuis le début de l'épidémie en Afrique de l'Ouest a maintenant dépassé le plateau de 10 000, a annoncé samedi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

On compte maintenant 4922 morts, et l'OMS précise que ces chiffres sont conservateurs, puisque plusieurs malades sont isolés ou craignent de se présenter aux autorités médicales. Une pénurie de laboratoires en mesure d'analyser des prélèvements sanguins potentiellement infectés amplifie aussi la difficulté de suivre l'épidémie. D'ailleurs, les derniers bilans du Liberia n'ont pas bougé, ce qui laisse croire que les chiffres ne sont pas représentatifs de la réalité.

L'OMS ajoute que l'épidémie, la plus importante jamais vue, continue de s'étendre rapidement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, où les décès se multiplient. Des cas ont aussi été traités dans trois autres pays d'Afrique de l'Ouest, aux États-Unis et en Espagne.

Le nombre de cas confirmés, probables et soupçonnés est passé à 10 141, soit 200 de plus depuis le dernier rapport de l'agence onusienne, il y a quatre jours.

Jeudi, les autorités ont confirmé que la maladie s'était propagée au Mali, le sixième pays de la région à être touché. Le même jour, on a confirmé à New York le cas d'un médecin employé par Médecins sans frontières de retour de Guinée.

Le Mali, qui partage une frontière avec la Guinée, était considéré comme hautement à risque. C'est une enfant de deux ans, qui arrivait de Guinée en autobus avec sa grand-mère, qui a amené le virus au pays. Elle est morte vendredi.

L'enfant, qui saignait du nez pendant le voyage, pourrait avoir été en contact avec de nombreuses personnes, a prévenu l'OMS. À date, 43 personnes sont surveillées en isolation, et les autorités continuent de chercher des personnes à risque.

Le service aérien humanitaire de l'Organisation des Nations Unies a envoyé environ une tonne de matériel médical au Mali, tard vendredi. Les sièges de l'avion ont été retirés pour laisser la place à la cargaison, qui comprenait notamment des combinaisons protectrices pour les travailleurs de la santé, des gants chirurgicaux et des masques.

L'arrivée de l'Ebola au Mali prouve à quel point le virus peut facilement traverser les frontières. Aussi la Mauritanie a-t-elle fermé sa frontière avec le Mali, selon la police frontalière malienne.

La ministre de la Santé de la Côte d'Ivoire, qui partage des frontières avec le Liberia, la Guinée et le Mali, a indiqué que les autorités étaient à la recherche d'un infirmier possiblement infecté qui a fui la Guinée, où il était surveillé par des responsables. Raymonde Goudou a toutefois précisé qu'il n'était pas confirmé qu'il était atteint du virus.

Au Ghana aussi, l'inquiétude régnait face à une possible grève des professionnels de la santé, qui pourrait vulnérabiliser le pays. Le Ghana ne partage pas de frontière avec les pays où des cas sont confirmés, mais les quartiers généraux de la mission de l'ONU pour l'Ebola s'y trouvent.

Au Liberia, le pays le plus durement touché, les forces américaines construisent des centres de traitement et apportent de l'aide, dont le pays a désespérément besoin. Samedi, le général Darryl Williams, qui était responsable des soldats assignés à la crise, a passé le flambeau au général Gary J. Volesky.