La ministre de la Santé Rona Ambrose a annoncé lundi le début des essais cliniques sur des humains du vaccin expérimental contre l'Ebola mis au point au Canada. Parallèlement, les mesures de surveillance des aéroports canadiens ont été renforcées et deux patients ont été mis en quarantaine en Ontario, car ils présentaient des symptômes semblables à ceux de la fièvre Ebola.

Le vaccin expérimental sera administré à 40 volontaires en bonne santé au Walter Reed Army Institute of Research à Silver Spring (Maryland), aux États-Unis.

Les résultats des essais sont attendus en décembre. «Notre espoir est qu'il soit distribué peu de temps après. [...] Le processus se fait à une vitesse sans précédent», a ajouté la ministre, lors d'une conférence de presse en téléconférence avec les médias de tout le pays.

Ce vaccin a été mis au point au cours de la dernière décennie par des scientifiques du Laboratoire national de microbiologie de santé publique du Canada à Winnipeg. Le gouvernement canadien en détient la propriété intellectuelle.

«Ce vaccin est très prometteur, il a montré une efficacité de 100% dans la prévention de la propagation du virus, lorsque testé sur des animaux», a affirmé Mme Ambrose.

Si les essais sont concluants, il faudra des essais à plus grande échelle avant que le vaccin ne soit autorisé, produit massivement et distribué, a précisé le Dr Gregory Taylor, administrateur en chef de la santé publique du Canada.

«Ceux qui participeront aux essais cliniques ne sont pas à risque de contracter le virus», a rappelé le Dr Taylor.

«Le vaccin contient une partie seulement du virus Ebola, qui n'est pas actif. Le vaccin poussera le système immunitaire à fabriquer des anticorps», a-t-il expliqué.

Les essais permettront de déterminer l'innocuité du vaccin, mais aussi le dosage approprié et les effets secondaires possibles.

Un autre vaccin «prometteur», selon l'Organisation mondiale de la Santé, a été testé lors d'essais cliniques au Mali, au Royaume-Uni et aux États-Unis depuis quelques semaines. Il a été développé par les Instituts nationaux de la santé du gouvernement américain et la firme britannique GlaxoSmithKline.

La Russie a également annoncé il y a quelques jours qu'elle avait créé trois vaccins et qu'elle espère pouvoir les offrir dans six mois.

Surveillance accrue

La ministre a également annoncé lundi qu'à partir de maintenant, tous les passagers de vols en provenance de pays touchés par l'épidémie seront automatiquement pris en charge par un agent de quarantaine de Santé Canada pour un contrôle obligatoire. La mesure touche six aéroports du pays, dont Montréal.

En quelques jours la surveillance s'est donc accrue puisque jeudi dernier, la ministre annonçait des contrôles qui consistaient à diriger tout passager revenant d'Afrique de l'Ouest à un agent de quarantaine sur la base des réponses aux questions des douaniers.

Les agents prendront notamment la température des passagers et pourront décider si d'autres mesures de santé publique s'imposent.

Aucun vol direct ne relie le Canada avec les pays touchés par l'épidémie en Afrique de l'Ouest. Une trentaine de voyageurs par semaine arrivent des pays d'Afrique de l'Ouest, principalement à Toronto et à Montréal.

La ministre a réitéré que le risque que l'épidémie se propage au Canada est très faible.

Toutefois, quelques heures à peine après ce point de presse, un patient qui présentait des symptômes s'apparentant à ceux du virus Ebola a été mis en quarantaine à l'hôpital d'Ottawa. L'hôpital a confirmé que cette personne a «récemment» séjourné en Afrique de l'Ouest. Il ne s'agit pas d'une personne travaillant dans le milieu médical.

Une autre personne, qui serait membre de l'armée canadienne, selon le réseau CTV, a de son côté été isolée à l'Hôpital général de Belleville, aussi en Ontario. Cette personne revenait de la Sierra Leone. Les autorités médicales de ces deux hôpitaux ont toutefois souligné que le risque qu'il s'agisse du virus Ebola est «extrêmement faible».

L'Agence de santé publique rencontrera mardi les chefs médicaux des provinces pour évaluer les procédures des hôpitaux si des cas d'Ebola surviennent.

Environ 30 personnes par semaine reviennent au Canada de pays touchés par l'épidémie, comme la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, selon la ministre Ambrose.