Le patient libérien atteint de l'Ebola, le premier à avoir été diagnostiqué hors d'Afrique, est décédé mercredi matin à Dallas où il était hospitalisé, a annoncé l'hôpital.

Les États-Unis vont renforcer leurs contrôles des voyageurs en provenance d'Afrique de l'Ouest dans cinq aéroports du pays, alors qu'un patient atteint d'Ebola est décédé mercredi dans un hôpital de Dallas (Texas).

«C'est avec une profonde tristesse que nous informons du décès de Thomas Eric Duncan ce matin à 7 h 51 (9 h 51 heure du Québec)», a indiqué une porte-parole de l'hôpital dans un communiqué.

«M. Duncan a succombé à une maladie insidieuse, Ebola, contre laquelle il a lutté courageusement», a-t-elle ajouté.

Ce patient libérien est le premier mort d'Ebola aux États-Unis. Il avait contracté le virus au Liberia.

Depuis son apparition en 1976, le virus Ebola a déjà fait plus de 3.400 morts sur les quelque 7.500 personnes infectées en Afrique de l'Ouest.

Comme cela était attendu depuis ces derniers jours, la Maison-Blanche a annoncé peu après mercredi un renforcement des contrôles des passagers en provenance du Liberia, de la Sierra Leone et de Guinée dans cinq aéroports: JFK à New York, Newark dans le New Jersey près de New York, Dulles à Washington et les aéroports internationaux d'Atlanta et de Chicago.

Ces aéroports sont la destination de 94% des passagers venant aux États-Unis, a dit le porte-parole de la présidence Josh Earnest lors du breffage quotidien, ajoutant que ces dispositions «concernent environ 150 passagers par jour».

De leurs côtés, les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et le département de la Sécurité intérieure ont précisé dans un communiqué que ces passagers seraient examinés à leur arrivée après le contrôle des passeports par des personnels de santé afin de détecter tout signe de la maladie.

Ces voyageurs se verront prendre leur température avant d'être soumis à un questionnaire sur les contacts qu'ils auraient pu avoir avec des malades dans le pays de provenance.

Si des personnes ont de la fièvre ou d'autres symptômes suspects, ou ont eu des contacts suspects, ils seront alors placés en quarantaine par les CDC.

«Nous pensons que ces nouvelles mesures vont protéger davantage la santé des Américains», a déclaré le Dr Tom Frieden, le directeur des CDC. Mais, a-t-il ajouté, «il faut comprendre qu'il n'y a pas de risque zéro tant que l'épidémie d'Ebola ne sera pas stoppée en Afrique de l'Ouest».

Rejet d'une interdiction des vols

Au cours des deux derniers mois, environ 36 000 personnes ont fait l'objet de vérifications au départ des trois pays les plus touchés (Liberia, Sierra Leone et Guinée), a-t-il précisé. Seule une petite proportion se rendait aux États-Unis.

Sur ces 36 000 personnes, seulement 77 avaient de la fièvre ou d'autres symptômes suspects, mais aucune n'avait Ebola, a dit le Dr Frieden.

Mardi, il avait indiqué rejeter, tout comme le président Barack Obama, une interdiction des vols vers et depuis les pays d'Afrique affectés, comme le demandent certains membres du Congrès.

Selon lui, cela aggraverait la crise sanitaire en réduisant la capacité de ces nations à lutter contre l'épidémie.

Après le diagnostic de M. Duncan, le patient du Texas, des voix se sont élevées au Congrès pour resserrer les contrôles afin de réduire davantage le risque que des personnes infectées puissent entrer sur le sol américain.

M. Duncan était arrivé à Dallas le 20 septembre sans symptôme, en provenance du Liberia via Bruxelles, commençant à avoir des symptômes le 24 septembre. Il a été finalement hospitalisé le 28 septembre et placé en quarantaine.

Il avait été aux urgences une première fois et renvoyé chez lui alors qu'il était déjà contagieux. Une personne infectée peut transmettre le virus par des fluides corporels quand les symptômes apparaissent.

Son état s'était dégradé pendant le week-end. Il avait été branché sur respirateur artificiel et mis sous dialyse, avait expliqué mardi le centre hospitalier, le Texas Health Presbyterian Hospital, à Dallas.

Les médecins avaient commencé à le traiter avec un traitement expérimental, l'anti-viral brincidofovir développé par Chimerix, une firme américaine.

Les autorités sanitaires surveillent de près 48 personnes ayant été plus ou moins en contact avec M. Duncan, notamment dix considérées à haut risque d'infection: trois membres de sa famille et sept personnels soignants. À ce jour, aucune d'entre elles n'a eu des symptômes d'Ebola.

La communauté internationale doit en faire davantage pour lutter contre l'épidémie du virus Ebola, a exhorté mercredi le secrétaire d'État américain John Kerry.

Lors d'une conférence de presse au département d'État, le chef de la diplomatie américaine a «plaidé de manière urgente pour que les nations du monde en fassent plus» dans leur aide contre cette «crise mondiale urgente» qui «exige une réponse mondiale urgente».

«Davantage de pays doivent en faire plus», a insisté John Kerry au côté de son homologue britannique Philip Hammond qui a lui aussi critiqué le fait «qu'il n'y a toujours pas assez de pays capables de faire la différence» dans la lutte contre Ebola, un épidémie qui a tué des milliers de personnes en Afrique de l'Ouest.

«Il est maintenant temps d'agir, pas de parler et il n'y a franchement pas de temps à perdre», a martelé M. Kerry devant la presse.

La fièvre hémorragique Ebola a fait 3439 morts en Afrique de l'Ouest sur 7478 cas enregistrés dans cinq pays (Sierra Leone, Guinée, Liberia, Nigeria, Sénégal), selon un bilan de l'OMS arrêté au 1er octobre.

Le coût économique d'Ebola pour l'Afrique de l'Ouest pourrait dépasser 32 milliards de dollars d'ici à la fin 2015 si l'épidémie venait à s'étendre hors des trois pays actuellement les plus touchés (Liberia, Guinée, Sierra Leone), selon la Banque mondiale.

Plus de détails suivront.

PHOTO MIKE STONE, REUTERS

Le patient ayant contracté le virus Ebola a commencé à se sentir malade seulement le 24 septembre et s'est rendu au service d'urgence du Texas Health Presbyterian Hospital à Dallas le 26 septembre pour se faire soigner. Mais il a tout simplement été renvoyé chez lui après avoir été examiné par des médecins.