Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a dit mardi craindre une escalade de la violence dans la «poudrière ethnique» du Kirghizistan, où les récents affrontements auraient poussé quelque 275 000 personnes à fuir leur maison.

De son côté le Comité international de la Croix Rouge a affirmé que les y violences avaient fait «plusieurs centaines de morts», soit bien plus que le chiffre officiel de 170.

«Le HCR est alarmé par la rapide escalade de la violence depuis le 10 juin dans le sud du Kirghizistan qui a fait beaucoup de morts et entraîné le déplacement d'environ 200.000 personnes dans le pays, en plus des 75 000 réfugiés qui ont trouvé refuge en Ouzbékistan», a averti un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'un point de presse.

Le HCR, qui s'attend à ce que les violences poussent de nouvelles personnes à abandonner leur foyer, a décidé lundi d'envoyer une aide d'urgence à ces milliers de réfugiés. Quelque 240 tonnes de matériel seront ainsi envoyées en Ouzbékistan mercredi, selon M. Mahecic.

«Tant que la paix et l'ordre ne seront pas rétablis, nous craignons que de nouvelles personnes soient déplacées», a-t-il observé.

De son côté, le porte-parole du haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville a indiqué «qu'il est bien connu depuis de nombreuses années que cette région est une poudrière ethnique en puissance».

Il a également signalé que son personnel sur place avait rassemblé des preuves -- auprès de témoins -- suggérant que les violences avaient été délibérément déclenchées jeudi par des hommes armés dans cinq points de la ville kirghize d'Och (sud).

Lundi, la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a demandé aux autorités de mettre fin à l'escalade de la violence dans le sud du Kirghizistan, estimant que ces affrontements interethniques semblent être «orchestrés, ciblés et planifiés».

Une haute responsable du CICR a également averti lundi avoir «entendu des histoires extrêmement préoccupantes relatives à des personnes visées» au Kirghizistan.

Le CICR, citant des informations de ses équipes sur le terrain, a estimé mardi que les violences au Kirghizistan ont fait «plusieurs centaines de morts».

«Nos équipes sur le terrain ont constaté en visitant la morgue de Och (sud), entre autres, que le nombre de morts était supérieur au chiffre officiel» de 170 morts donné par le ministère kirghiz de la santé, a indiqué à l'AFP Christian Cardon, porte-parole du CICR.

L'organisation a indiqué qu'un vol transport des biscuits à haute teneur énergétique pour 20 000 personnes devait arriver dans la ville de Och jeudi, tandis que ses travailleurs humanitaires sur place avaient accès à des réserves alimentaires d'un dépôt du Programme alimentaire mondiale (PAM).

Une porte-parole du PAM, Emilia Casella, a signalé de son côté que des problèmes d'accès aux déplacés limitaient les activités de distribution d'aide.

L'ONU devrait lancer un appel de fonds d'urgence pour venir en aide à ces personnes déracinés à la fin de la semaine, a fait remarquer la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Elisabeth Byrs.