Trois soldats ukrainiens ont été tués au cours des dernières 24 heures dans l'explosion d'une mine dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine, où ont lieu des accrochages sporadiques malgré la trêve instaurée il y a plus d'un mois, a indiqué samedi le porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko.

«Trois soldats ukrainiens ont été tués et deux blessés dans l'explosion d'une mine ennemie vers Avdiivka», ville sous contrôle des forces gouvernementales située près des ruines de l'aéroport de Donetsk, aux mains des rebelles depuis janvier, a-t-il déclaré lors d'un point de presse.

La veille, «nous avons relevé à au moins cinq reprises l'emploi d'armes lourdes par des groupes armés illégaux contre nos positions. Il s'agit d'artillerie et de canons de 122 millimètres», a-t-il ajouté.

Le 30 mars, M. Lyssenko avait annoncé la mort d'un soldat ukrainien au cours des dernières 24 heures. Depuis, aucun mort n'avait été déploré au sein des forces régulières.

Une nouvelle trêve est entrée en vigueur le 15 février dans l'est de l'Ukraine, après la signature des accords de Minsk 2 le 12 février, avec la médiation du président français François Hollande, de la chancelière allemande Angela Merkel et en présence du président russe Vladimir Poutine.

Malgré l'entrée en vigueur de ce nouveau cessez-le-feu, des accrochages ont lieu quotidiennement dans l'est de l'Ukraine, où le conflit a fait plus de 6000 morts en près d'un an.

Les accords de Minsk 2 prévoient également le retrait des armes de calibre supérieur à 100 mm le long de la ligne de front pour créer une zone tampon de 50 à 140 km en fonction du type d'armement.

Dans son dernier rapport publié vendredi, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a de son côté indiqué avoir entendu «15 explosions ressemblant à des tirs entrant et sortant de mortier et d'artillerie» au niveau de la zone de l'aéroport de Donetsk.

L'OSCE a également relevé des tirs de mortier le 1er et le 2 avril près du village de Sopiné, contrôlé par les forces gouvernementales et situé à 16 kilomètres de Marioupol, dernière grande ville de la zone de conflit sous contrôle de Kiev.

Selon l'Organisation, le village de Chirokiné, situé à 10 km du port stratégique de Marioupol, a notamment été touché par ces tirs.

Quelques explosions ont également été entendues dans la région de Lougansk, a poursuivi l'OSCE.

«Le cessez-le-feu demeure assez fragile», a conclu un porte-parole de l'OSCE Michael Bociurkiw lors d'un breffage.

Samedi, les dirigeants des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski, ont par ailleurs appelé François Hollande et Angela Merkel à convaincre les autorités ukrainiennes de respecter entièrement les accords de paix de Minsk, en particulier de cesser le «blocus» économique des zones séparatistes.

Kiev a arrêté en novembre de financer les zones sous contrôle des rebelles et donc de verser les retraites ou toute autre allocation. Les banques et distributeurs ont également fermé.

Les autorités ukrainiennes poursuivent «leur blocus, y compris du système bancaire, privant plus d'un million de retraités de leur pension et les laissant démunis», ont écrit les dirigeants séparatistes dans une lettre ouverte.

«Nous vous appelons, en tant que représentants de pays garants, non seulement à user de votre influence et à encourager les autorités ukrainiennes à rétablir leurs prestations sociales envers les habitants du Donbass, mais aussi à exiger strictement de la partie ukrainienne qu'elle cesse d'ignorer les accords de Minsk», ont-ils ajouté.