De nouveaux combats meurtriers ont opposé dimanche les forces ukrainiennes et séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, où la recherche des restes des victimes de l'écrasement du vol MH17 s'intensifie avec l'arrivée de nouveaux experts.

Au moins 10 civils sont morts en 24 heures dans ces affrontements, selon les relevés publiés dimanche par les autorités locales. Les forces ukrainiennes, après avoir gagné du terrain ces dernières semaines, accentuent leurs efforts pour isoler les séparatistes retranchés à Donetsk, leur fief principal, de ceux concentrés à Lougansk et le long de la frontière russe.

À Donetsk, six civils ont été tués et 13 blessés dans le quartier Petrivski, au sud-ouest, a indiqué à l'AFP l'adjoint au maire Kostyantyn Savinov. Une correspondante de l'AFP y avait vu samedi soir plusieurs immeubles d'habitation et une école détruits par des tirs d'artillerie, sans qu'il soit possible de déterminer quelle partie en était à l'origine.

«La ville est en état de siège», a reconnu le numéro deux de la République autoproclamée de Donetsk, Vladimir Antioufeev, lors d'une visite auprès de réfugiés. «Nous attendons une aide politique de la Russie. La Russie fait ce qu'elle peut pour mettre fin aux tirs pour vous permettre d'aller en Russie», a ajouté ce citoyen russe.

Dans l'autre bastion séparatiste, Lougansk, trois civils sont morts, a rapporté dimanche la mairie, qui avait la veille averti d'une situation «au bord d'une catastrophe humanitaire». Dans cette ville de 500 000 habitants avant les hostilités, l'eau et l'électricité sont coupées, les communications sont très perturbées et les approvisionnements extérieurs en nourriture et carburants quasi impossibles.

La mairie de Gorlivka, autre ville tenue par les rebelles, a compté de son côté un mort et 16 blessés.

Au total, les affrontements dans l'est de l'Ukraine ont fait plus de 1100 morts selon l'ONU depuis le début en avril de l'offensive de Kiev, qui a gagné en intensité depuis un mois.

Les forces ukrainiennes rencontrent une résistance acharnée des séparatistes. L'état-major ukrainien a indiqué que ses positions avaient subi plusieurs attaques dans la nuit de samedi à dimanche par des tirs d'artillerie, certains tirés depuis le territoire de la Russie.

100 experts sur le site de l'écrasement 

Autour du site de l'écrasement du Boeing malaisien, contrôlé par les insurgés, forces ukrainiennes et rebelles se sont engagées à un cessez-le-feu, mais on y entend régulièrement ces derniers jours des explosions dans le lointain.

La mission d'experts néerlandais et australiens, présents en nombre sur place depuis vendredi après avoir été longtemps bloqués par les combats, gagne en puissance. Une centaine de spécialistes se sont activés sur place dimanche, contre 70 les jours précédents.

«Nous avons fini nos recherches dans l'une des cinq zones que nous avons délimitées sur le site de l'écrasement», s'est félicité le chef de la mission néerlandaise Pieter-Jaap Aalbersberg devant la presse.

De nouveaux restes humains retrouvés vendredi et samedi ont été transportés à Kharkiv, plus au nord, en véhicule réfrigéré et doivent s'envoler lundi vers les Pays-Bas en vue d'être identifiés. Plus de 200 cercueils avaient déjà été rapatriés dans les jours suivant la catastrophe, comme les boîtes noires.

Le travail minutieux de recherche, entrepris avec l'aide de chiens renifleurs dans la campagne ukrainienne, sous la surveillance d'insurgés armés, s'annonce long et complexe plus de deux semaines après la catastrophe du 17 juillet qui a conduit à une flambée des tensions internationales.

L'OTAN hausse le ton 

Kiev accuse directement les insurgés prorusses d'avoir abattu le Boeing de la Malaysia Airlines, qui transportait 298 passagers dont 193 Néerlandais, avec un missile fourni par Moscou.

L'onde de choc qu'a provoqué le drame a conduit les Européens, jusque là divisés et réticents à frapper fort un important partenaire commercial, à adopter avec les États-Unis des sanctions économiques sans précédent depuis la Guerre froide contre Moscou, visant notamment ses banques publiques.

Le secrétaire général sortant de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a haussé dimanche le ton contre «l'agression russe» qui justifie selon lui la mise au point de nouveaux «plans de défense».

Mais cette rhétorique guerrière divise l'organisation atlantique: certains membres craignent une fuite en avant de Vladimir Poutine, poussé selon les experts par une opinion publique galvanisée.

À Kiev, le ministre ukrainien de l'Intérieur a estimé que l'Europe et les États-Unis devaient «passer d'une politique de retenue dans les questions militaires à une aide militaire et technique massive de l'Ukraine».

«D'abord en fournissant du matériel, et ensuite avec des unités militaires de l'OTAN», a ajouté Arseni Avakov sur son blogue, mettant en garde contre «une transformation du conflit dans l'est de l'Ukraine en troisième guerre mondiale».