L'avion malaisien a probablement été abattu par des séparatistes prorusses, a déclaré un responsable américain, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé vendredi une «enquête internationale complète, minutieuse et indépendante sur l'avion malaisien qui s'est écrasé la veille en Ukraine.

L'avion malaisien a été «probablement abattu par un missile sol-air» tiré d'une «zone tenue par les séparatistes» prorusses, a déclaré vendredi l'ambassadrice américaine à l'ONU.

S'exprimant devant le Conseil de sécurité réuni d'urgence, Samantha Power a fait référence à un missile Bouk de type SA-11.

Le Conseil, dans une déclaration unanime, a aussi «souligné la nécessité pour toutes les parties d'accorder un accès immédiat à l'endroit de l'écrasement pour les enquêteurs».

Erreur des rebelles qui pensaient viser un avion ukrainien ? Bavure inexplicable des Ukrainiens ou des Russes ? L'écrasement de l'avion malaisien, probablement abattu par un missile dans l'est de l'Ukraine, suscitait vendredi colère et interrogations dans le monde.

Interpol propose son aide

L'organisation policière internationale Interpol, basée en France, a offert vendredi son aide dans l'enquête sur l'écrasement de l'avion de Malaysia Airlines qui s'est écrasé la veille dans l'est de l'Ukraine, faisant 298 morts, dont un résidant d'Ajax en Ontario, Andrei Angel, 24 ans, selon le Toronto Star.

Outre le Canadien, 154 Néerlandais prenaient place à bord de l'avion qui transportait également 43 Malaisiens (dont 15 membres d'équipage), 27 Australiens, 12 Indonésiens, 9 Britanniques, 4 Allemands, 5 Belges, 3 Philippins, selon le dernier décompte fourni par Malaysia Airlines vendredi matin.

La nationalité des autres passagers était en cours de vérification.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l'organisation basée à Lyon (est), Ronald Noble, a indiqué offrir «son aide pleine et entière» à tous ses États membres «pour aider à l'identification et au rapatriement des restes» des passagers du vol MH17 reliant Amsterdam à Kuala Lumpur avec à son bord 298 personnes.

«Nous aiderons aussi à déterminer si l'un des passagers à bord du vol MH17 a embarqué avec un passeport signalé perdu ou volé à Interpol ou si l'un d'entre eux était lié à un comportement criminel grave», a indiqué M. Noble.

Si sollicité, Interpol peut déployer sur le terrain son équipe d'intervention, a ajouté le secrétaire général.

Celle-ci comprend des spécialistes de l'identification des victimes de catastrophes pour réaliser l'enquête sur le terrain et un «appui analytique en coordination avec le secrétariat général».

Ces équipes ont déjà été à l'oeuvre lors du tsunami de 2004 en Asie, du tremblement de terre à Haïti, de la catastrophe du vol Air France Rio-Paris ou de l'attaque terroriste ayant visé le centre commercial du Westgate au Kenya, a précisé Interpol.

Si l'enquête, qui ne fait que commencer, parvient à identifier avec certitude les auteurs du tir - qu'il s'agisse des rebelles prorusses, des forces loyalistes ukrainiennes ou l'armée russe - son résultat risque d'avoir un impact décisif sur le conflit qui déchire l'Ukraine depuis trois mois, opposant Kiev aux séparatistes prorusses appuyés par Moscou.

Des messages affichés - et parfois rapidement enlevés - sur des sites internet rebelles et des conversations interceptées par les services de sécurité ukrainiens laissent penser que l'appareil a pu être abattu par erreur par les rebelles, qui l'auraient pris pour un avion militaire ukrainien.

Guerre de propagande

Si jamais cette hypothèse, à traiter avec prudence dans le contexte d'une virulente guerre de propagande et de désinformation, se confirmait, la position des séparatistes et de leur allié présumé Vladimir Poutine s'en trouverait considérablement affaiblie face à la communauté internationale.

Restera toutefois à déterminer l'origine de l'engin performant, probablement un missile de fabrication russe «Bouk» qui, selon Kiev, aurait été «offert» aux rebelles par les Russes, tandis que les insurgés avaient affirmé il y a quelque temps en avoir pris aux forces de Kiev, ce que ces dernières ont démenti.

Moscou a affirmé  que le système de missiles ukrainien était actif jeudi, laissant entendre que Kiev pourrait être responsable de l'écrasement du Boeing de la Malaysia.

«Les moyens de détection radio russes ont enregistré le 17 juillet une activité au niveau de la station radar Koupol, travaillant en liaison avec les systèmes de missiles Bouk-M1», a indiqué le ministère de la Défense.

Mais pour les autorités ukrainiennes, la culpabilité de Moscou - qu'ils accusent depuis des mois de fournir des combattants et du matériel militaire lourd aux rebelles - ne fait pas de doute.

«Les Russes sont allés trop loin. C'est un crime international dont les responsables doivent être jugés à La Haye», a déclaré vendredi matin le premier ministre Arseni Iatseniouk. Il faisait allusion à la Cour pénale internationale chargée de juger les crimes de guerre. La veille, le président Petro Porochenko a lui aussi accusé indirectement Moscou, révélant, dans son adresse à la nation au sujet de l'écrasement, que Kiev disposait de l'interception d'un entretien téléphonique lors duquel un chef rebelle «se vante d'avoir abattu un avion de ligne» devant «son officier traitant, un colonel du renseignement militaire russe, Vassili Gueranine».

Sur les lieux de l'écrasement, des secouristes ont indiqué à l'AFP qu'une des boites noires avait été retrouvée. Mais ces boites ne pourront probablement pas aider à déterminer l'origine du tir de missile.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué vendredi que les séparatistes prorusses avaient accepté d'offrir «un accès sûr» à «une commission nationale d'enquête, comprenant des enquêteurs internationaux», lors d'une visioconférence réunissant l'organisation, l'Ukraine, la Russie et les insurgés.

Auparavant, le président américain Barack Obama avait réclamé une enquête «rapide» et «sans entraves», lors d'une conversation téléphonique avec le premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays comptait 154 ressortissants à bord.

Washington est prêt à fournir «de l'aide immédiate en faveur d'une enquête internationale rapide, complète, crédible et sans entraves» en Ukraine, a assuré M. Obama.

Pour faciliter les opérations, les États-Unis appellent «toutes les parties concernées -la Russie, les séparatistes prorusses et l'Ukraine- à un cessez-le-feu immédiat».

Sur le lieu de l'écrasement, les débris de l'avion, qui s'est disloqué en vol selon des témoins, sont éparpillés sur des kilomètres carrés dans une zone de campagne autour du village de Grabove, dans l'est de l'Ukraine, non loin de la ligne de front entre séparatistes prorusses et forces loyalistes ukrainiennes.

Sous une pluie fine, les secouristes préparaient vendredi matin la récupération des restes des 298 passagers et membres d'équipage qui se trouvaient à bord de l'appareil.

Le premier ministre malaisien Najib Razak a pour sa part demandé vendredi que les responsables de l'écrasement de l'avion malaisien soient traduits en justice s'il était prouvé que l'appareil assurant le vol MH17 a été abattu dans l'est de l'Ukraine.

«S'il est prouvé que l'avion a été abattu, nous exigeons alors que les responsables soient traduits en justice», a-t-il déclaré dans une intervention diffusée par la télévision nationale.

Najib Razak s'est refusé à désigner un responsable de la tragédie qui a fait  298 morts, dont 43 Malaisiens.

Mais il a condamné «dans les termes les plus fermes» ce qu'il a décrit comme un «acte inhumain, barbare, violent et irresponsable».

Origine incertaine du missile

Des experts des services de renseignement américains estiment que le Boeing 777 de Malaysia Airlines, parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur, a été abattu par un missile sol-air dont l'origine reste cependant encore incertaine.

Les experts étudient leurs données pour savoir si l'engin a été tiré par les séparatistes prorusses, selon un responsable sous couvert de l'anonymat.

Les autorités de Kiev et les rebelles se sont immédiatement accusés d'être à l'origine d'un éventuel tir de missile, sans qu'aucun élément matériel ne permette d'en attribuer solidement la responsabilité.

L'accident est intervenu «dans le contexte d'une crise en Ukraine alimentée par le soutien russe aux séparatistes, y compris à travers des armes, du matériel et de l'entraînement», a souligné le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest.

Pour le président russe Vladimir Poutine, c'est l'Ukraine qui «porte la responsabilité de cette terrible tragédie», parce qu'elle n'arrive pas à régler le conflit avec les rebelles prorusses et poursuit des opérations militaires.

La plupart des compagnies aériennes ont annoncé avoir modifié leur trajectoire, certaines depuis plusieurs semaines, afin de ne plus avoir à survoler l'Ukraine, par mesure de sécurité.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de sécurité de l'ONU doivent tenir vendredi des réunions d'urgence sur l'écrasement de l'avion malaisien.

PHOTO DOMINIQUE FAGET, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des personnes recherchent des corps sur le site de l'écrasement du vol MH17 de Malaysia Airlines.

Fidel castro accuse Kiev

Le leader historique de la Révolution cubaine Fidel Castro a jugé vendredi que la destruction au-dessus de l'Ukraine d'un Boeing de la Malaysia constituait une «provocation insolite» du gouvernement ukrainien, alors que l'enquête sur l'accident ne fait que commencer.

«Cuba ne peut pas manquer d'exprimer son rejet de cet acte du gouvernement antirusse, antiukrainien et proimpérialiste» du président Petro Porochenko, écrit Fidel Castro dans un article intitulé «Provocation insolite» et publié par le quotidien du Parti communiste de Cuba, Granma.

Le Boeing 777 de la Malaysia, avec 298 personnes à son bord, a été apparemment abattu par un missile pendant qu'il volait «sur l'itinéraire sous contrôle du gouvernement belliciste du roi du chocolat, Petro Porochenko», assure Fidel Castro, qui aura 88 ans le 13 août et s'est retiré du pouvoir en 2006 pour raisons de santé.

Dans le même article, Fidel Castro constate que, «coïncidence avec le crime de la Malaysia, le premier ministre d'Israël Benyamin Nétanyahou, chef d'un État nucléaire, ordonnait à son armée d'envahir la Bande de Gaza où en quelques jours des centaines de Palestiniens, dont de nombreux enfants, sont morts».

«Le président des États-Unis (Barack Obama) a soutenu cette action, qualifiant ce crime répugnant d'acte de légitime défense», ajoute Fidel Castro.

«Obama ne soutient pas David contre Goliath, mais Goliath contre David», conclut le leader historique de la Révolution cubaine, dont les apparitions publiques sont de plus en plus rares.

-Avec Stéphane ORJOLLET et Michel Viatteau