Le médecin de la prison où est incarcéré Anders Behring Breivik a affirmé jeudi ne pas avoir vu d'altération grave de sa santé, affaiblissant les arguments du meurtrier lors de son procès contre l'État pour traitement «inhumain».

Breivik, condamné en 2012 à 21 ans de prison pour avoir tué 77 personnes en invoquant une guerre contre le multiculturalisme, poursuit l'État norvégien pour dénoncer l'isolement carcéral auquel il est soumis depuis près de cinq ans, contraire, selon lui, à la Convention européenne des droits de l'Homme.

L'extrémiste de 37 ans se plaint d'être gagné par l'apathie, de maux de tête, d'insomnie et de troubles de la concentration qui, dit-il, l'empêchent d'étudier depuis décembre.

«Les retours (des infirmières qui le voient régulièrement, NDLR) ont toujours été que son état émotionnel, sa façon d'interagir avec le personnel médical, sont tout à fait adéquats», a toutefois affirmé à la barre Bjorn Draugedalen, le médecin de la prison de Skien (sud).

Pour des raisons de sécurité, le procès se tient dans le gymnase de cet établissement, où Breivik est détenu depuis septembre 2013.

«Il a une attitude satisfaisante, calme et équilibrée. Ses raisonnements sont clairs (...) Il a l'air peu indisposé», a ajouté M. Draugedalen.

L'avocat de Breivik, Oystein Storrvik, a critiqué les observations médicales et fait valoir la présence d'une paroi de verre entre son client et le personnel qui le suit.

Il a lu des extraits du rapport du Défenseur des droits publié en novembre, lequel concluait que le régime carcéral de Breivik pouvait comporter «un risque accru de traitement inhumain». Plusieurs des améliorations suggérées ont depuis été mises en oeuvre.

À la barre mercredi, Breivik avait qualifié son régime carcéral de «torture» et d'«enfer». Jeudi, pendant la déposition des experts, l'extrémiste a plusieurs fois marqué sa désapprobation en secouant la tête.

Médecin de la prison d'Ila, où Breivik a séjourné jusqu'en septembre 2013, Bjarne Haukeland a aussi sapé l'argumentaire du plaignant, affirmant que celui-ci semblait s'être préparé à l'isolement. «Il est sans doute un peu surpris que cela se soit si bien passé», a-t-il dit.

Avant lui, le directeur de la prison d'Ila, Knut Bjarkeid, et la psychiatre chargée d'observer Breivik en prison, Randi Rosenqvist, pourtant appelée par les avocats du détenu, avaient aussi témoigné n'avoir vu «aucun signe de séquelles liées à l'isolement».

Le procès s'achève vendredi.