Un éminent psychiatre norvégien a suggéré vendredi un nouveau diagnostic pour Anders Behring Breivik, ajoutant à la confusion sur la santé mentale de l'extrémiste de droite après deux expertises officielles aux résultats contradictoires.

Au 33e jour du procès de Breivik jugé pour la mort de 77 personnes l'an dernier, Ulrik Fredrik Malt, professeur de psychiatrie à l'Université d'Oslo, a estimé plausible que l'accusé fut atteint du syndrome d'Asperger, du syndrome de la Tourette et de narcissisme.

Le syndrome d'Asperger est une forme d'autisme qui se caractérise notamment par un manque d'empathie, tandis que celui de la Tourette est un trouble neurologique marqué par des tics, ce qui pourrait notamment expliquer, selon lui, les sourires esquissés par Breivik à des moments souvent déplacés.

Ces troubles de la personnalité ne relèvent pas de la psychose, synonyme d'irresponsabilité pénale et donc d'internement psychiatrique, si les juges devaient in fine retenir un tel diagnostic.

Le 22 juillet dernier, Breivik avait tué 77 personnes, des adolescents pour la plupart, en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, puis en ouvrant le feu sur un camp d'été de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utoya.

Vendredi, le professeur Malt a laissé la piste de l'irresponsabilité ouverte en précisant ne pas exclure une « psychose paranoïde » tout en estimant qu'il y avait « moins de 25 % de chances » que Breivik soit psychotique.

Son témoignage, le plus long depuis le début du procès le 16 avril, prend partiellement ou complètement à contre-pied les deux évaluations officielles réalisées par deux binômes de psychiatres.

La première avait conclu que l'extrémiste de 33 ans était psychotique, souffrant de « schizophrénie paranoïde ». Devant le tollé suscité, la justice avait commandé une contre-expertise qui n'a quant à elle détecté aucun signe de psychose, tout en estimant que Breivik était « asocial » et « narcissique ».

Le témoignage du professeur Malt s'appuie sur ses observations de Breivik pendant son procès et sur les rapports des psychiatres officiels, mais, contrairement à eux, il ne s'est pas entretenu avec l'accusé.

Ayant adopté une ligne de défense inhabituelle, Breivik tient à être reconnu pénalement responsable pour ne pas voir son idéologie invalidée par un diagnostic.

Bien que l'avis du professeur ait semblé aller largement dans son sens, l'accusé s'est élevé contre ses allégations de troubles de la personnalité.

« Je veux féliciter Malt pour une très bonne démolition de ma personnalité », a-t-il dit.

S'il est reconnu pénalement irresponsable, Breivik risque l'internement psychiatrique, potentiellement à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.

Les juges devront trancher cette question dans leur verdict attendu le 20 juillet ou le 24 août.