Les États-Unis n'ont pas constaté de mouvements de troupes en Corée du Nord et n'ont pas l'intention d'augmenter leurs forces armées en Corée du Sud, a dit vendredi le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, en rejetant le terme de «crise».

«Je ne suis pas au courant de mouvements de troupes en Corée du Nord, tout du moins qui sortent de l'ordinaire» et «je ne pense pas que nous ayons besoin de renforcer notre présence militaire dans le Sud», où sont stationnés quelque 28 000 soldats américains, a déclaré M. Gates dans un avion l'emmenant à Singapour, avant une escale à Guam.

Il était attendu vendredi dans la ville-État pour une conférence annuelle sur la sécurité régionale en Asie.

Un responsable du Pentagone, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, avait déjà indiqué jeudi à Washington que les États-Unis n'avaient pas détecté d'importants mouvements de troupes en Corée du Nord. Mais, avait-il ajouté, surveiller la Corée du Nord est difficile car le pays reste «l'une des sociétés les plus fermées au monde».

Pyongyang a annoncé avoir effectué lundi un deuxième essai nucléaire depuis 2006, et a depuis lancé cinq missiles à courte portée, tout en menaçant d'attaquer la Corée du Sud après la décision par Séoul de se joindre à l'initiative d'anti-prolifération (PSI).

«Nous n'avons aucune intention d'agir militairement contre la Corée du Nord à moins qu'elle ne fasse quelque chose qui l'exige», a assuré M. Gates, tout en prévenant que «si les Nord-Coréens faisaient quelque chose d'extrêmement provocateur sur le plan militaire, nous avons les moyens d'y faire face».

«Je pense que personne dans cette administration n'estime qu'il existe une crise, mais nous avons à faire à deux événements très provocateurs, accompagnés d'une rhétorique agressive», a-t-il affirmé en référence à l'essai nucléaire et aux tirs de missiles balistiques annoncés cette semaine par Pyongyang.

Washington s'inquiète également du risque de prolifération nucléaire, a reconnu M. Gates.

«Leur exportation de technologie en matière nucléaire et de missiles est une réelle source de préoccupation», a-t-il dit. La Corée du Nord est soupçonnée d'avoir par le passé transféré ce type de technologie à la Syrie.

«En même temps, je crois que cela peut créer des opportunités de coopération multilatérale en vue de persuader la Corée du Nord de changer de comportement», a-t-il dit.

Les réponses possibles sont essentiellement «économiques et diplomatiques», a-t-il fait valoir, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU étudie actuellement de nouvelles sanctions à l'égard de Pyongyang.

Le secrétaire américain à la Défense s'est par ailleurs dit encouragé par la réaction de Pékin, dont le rôle est jugé central dans la résolution du dossier nord-coréen.

«Il est important pour les Chinois de participer à tout effort» entrepris pour résoudre cette question, a-t-il souligné.

«La Chine a plus d'influence que quiconque sur la Corée du Nord, même si cette influence a des limites», a-t-il ajouté.

Le secrétaire américain à la Défense profitera de la huitième édition du «dialogue de Shangri La», organisée à Singapour par l'Institut de réflexion stratégique IISS, pour s'entretenir avec un haut responsable militaire chinois.

Dans la ville-État, le chef du Pentagone participera en outre samedi à une réunion trilatérale avec ses homologues japonais, Yasukazu Hamada et sud-coréen, Lee Sang-Hee, a-t-il rappelé.