Le Parlement européen a exigé jeudi des «éclaircissements immédiats» de Washington sur les allégations d'espionnage des institutions et citoyens européens par les États-Unis, et a confié à l'une de ses commissions le soin d'enquêter sur ces pratiques.

Dans une résolution adoptée par 483 voix contre 93, le Parlement «condamne vivement l'espionnage des représentations de l'Union européenne». Si les informations en ce sens étaient confirmées, cette affaire «serait de nature à affecter les relations transatlantiques», mettent en garde les élus.

Parallèlement au vote de cette résolution, les présidents des sept groupes politiques du Parlement ont décidé jeudi à l'unanimité de confier à sa commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures le soin de mener une «enquête approfondie» sur cette affaire, et d'en rendre compte d'ici la fin de l'année.

Les élus de cette commission devront travailler avec les Parlements nationaux et le groupe d'experts UE/USA créé par la Commission européenne, précisent les députés.

Lors du vote de la résolution, la gauche et l'extrême gauche ont en revanche échoué à faire adopter des amendements réclamant, en guise de représailles, «l'ajournement», la «suspension» ou le «gel» des négociations commerciales transatlantiques, qui doivent débuter lundi.

L'extrême gauche a également présenté, sans succès, un amendement demandant aux États membres d'accorder l'asile politique au «lanceur d'alerte» américain en fuite, Edward Snowden.

Mercredi, lors du débat, les eurodéputés avaient fait étalage de leur division au sujet de ces négociations commerciales. «Nous ne pouvons pas sacrifier les droits fondamentaux des Européens et notre dignité sur l'autel de l'économie», avait résumé au nom du groupe socialiste le Grec Dimitrios Droutsas.

A l'inverse, l'Allemand Manfred Weber, pour les conservateurs, avait souligné que la confiance entre Européens et Américains était certes «ébranlée», mais cela «n'empêche pas que nous avons des intérêts communs».

Cette question a également été abordée mercredi à Berlin. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a annoncé, en présence des dirigeants allemand et français, que les négociations commerciales entre les États-Unis et l'UE seraient bien lancées lundi, mais qu'en parallèle des groupes de travail devront clarifier l'ampleur de l'espionnage pratiqué par les Américains.