Tandis que les secours s'organisent, dans la rue, les Haïtiens tentent tant bien que mal de survivre, mais sans savoir s'ils pourront tenir encore longtemps.

Les Forces canadiennes ont sur place environ 95 soldats. «Pour être honnête, nous sommes surtout en train de cerner les besoins de la population et de voir comment nous pouvons les aider», a expliqué le capitaine Mark Peeples, agent de communications pour le DART, l'équipe d'intervention des Forces canadiennes dans les situations de crise.

Ce n'est pas une mince tâche: le quartier général de la mission des Nations unies, la MINUSTAH, est en ruine, et plusieurs de ses dirigeants ont été tués dans le séisme. Les secours internationaux sont coordonnés tant bien que mal d'un quartier général aménagé à l'aéroport de Port-au-Prince.

Assis au coin d'une rue du quartier Delmas, Samba Martin, un Africain d'une soixantaine d'années venu habiter à Port-au-Prince il y a trois ans pour écrire un livre, estime que l'aide n'arrive pas assez vite: «À ma connaissance, rien n'est fait, tranche l'homme aux cheveux gris et aux épaisses lunettes d'écaille. Depuis mardi, tout le monde est sorti de chez soi. Il n'y a aucun secours. Ni nourriture, ni boisson, d'où qu'elle vienne. La priorité devrait être de nourrir et d'abreuver la population et de secourir les victimes qui peuvent l'être.»

Dans l'attente, les Haïtiens se débrouillent comme ils le peuvent. Jean-Louis Saint-Presse a dû fouiller dans des décombres pour trouver assez d'eau potable pour remplir un seau. Et la nourriture? Il sort un paquet de deux biscuits secs de sa poche de chemise. «On prend ce qu'on trouve», lance-t-il.

D'autres ont moins de chance que lui. Un peu plus loin, dans une ruelle, une centaine de sinistrés tentent d'attirer l'attention des secours. «Nous avons besoin d'aide. Nous avons besoin d'eau et de nourriture», a-t-on écrit à la peinture rouge sur un drap pendu à l'entrée.

«Tout le monde ici en a besoin, explique une responsable, Alberte Keele. Déjà 10 personnes sont mortes. Personne de l'aide humanitaire n'est passé.» Le courage des Haïtiens impressionne mais, dans la rue, des signes de tension étaient visibles, hier. Des pillages ont été signalés par endroits. Certaines foules paraissent plus nerveuses.

Et les policiers appréhendent le pire. «En ce moment, ça va. Mais quand la population va commencer à avoir vraiment faim, on ne sait pas ce qu'elle va faire», a indiqué l'un d'eux.

Si le présent est garant de l'avenir, Samba Martin est loin d'être optimiste. «Dans l'état actuel des choses, ça ira en empirant», prévoit-il.

«Nous nous en remettons au bon Dieu.»