La réaction du Japon à l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima a été «exemplaire», mais les risques de tsunami ont été sous-estimés, a jugé mercredi l'Agence internationale de l'Énergie atomique (AIEA) au terme d'une mission d'enquête d'une semaine.

Ces commentaires sont contenus dans un rapport préliminaire remis au gouvernement japonais par un groupe d'experts de l'AIEA mandatés pour analyser l'enchaînement tragique des faits à Fukushima Daiichi (N°1), site endommagé par un séisme et un tsunami géant qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars dernier.

L'alimentation électrique du complexe atomique a été interrompue par une vague de 14 mètres de haut, mettant hors service les systèmes de refroidissement des réacteurs, ce qui a provoqué une série d'explosions et une fusion partielle du combustible nucléaire.

«Le risque de tsunami a été sous-estimé», a souligné le rapport à propos de cet accident, le pire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine), en 1986.

«Les concepteurs et les opérateurs de centrales nucléaires devraient évaluer correctement les dangers naturels pour protéger les installations, ainsi que mettre à jour périodiquement ces estimations et leurs méthodes d'évaluation.»

Mais les experts de l'AIEA se sont dits «profondément impressionnés par le dévouement des travailleurs japonais face à cet accident nucléaire sans précédent» et ont jugé «exemplaire» la réaction du Japon.

«Les dispositions prises à long terme pour protéger le public, y compris l'évacuation de la zone autour des réacteurs accidentés, ont été impressionnantes et extrêmement bien organisées», a poursuivi le rapport.

Les autorités ont imposé une zone interdite d'accès de 20 kilomètres autour du site et évacué plusieurs autres localités, forçant plus de 80 000 personnes à quitter leur domicile.

L'opérateur de la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power (Tepco), a prévu de parvenir à refroidir les quatre réacteurs endommagés sous la barre des 100 degrés Celsius d'ici à janvier 2012.

«Un programme approprié et opportun de suivi de l'exposition du public et des travailleurs et de surveillance sanitaire serait bénéfique», ont cependant relevé les experts.

La mission de l'AIEA a en outre critiqué le fait que l'Agence de la sûreté nucléaire et industrielle soit placée sous la tutelle du ministère de l'Industrie (Meti). «Le Japon doit veiller à l'indépendance de l'autorité de régulation nucléaire et faire en sorte que la clarté des rôles soit préservée», a-t-elle insisté.

L'équipe internationale, composée de dix-huit spécialistes venus de douze pays et dirigée par le Britannique Mike Weightman, a été mandatée à la suite d'un accord entre le gouvernement japonais et l'AIEA.

Elle a inspecté les centrales Fukushima Daiichi et Fukushima Daini (N°2), distantes d'une dizaine de kilomètres, ainsi que celle de Tokai, plus au sud, dans la préfecture voisine d'Ibaraki.

Sa mission était «d'identifier les enseignements de l'accident susceptibles d'aider à améliorer la sûreté nucléaire partout dans le monde».

L'AIEA recommande à cet égard la mise en place de centres d'intervention d'urgence dans les sites à haut risque, avec des équipements pour garantir les communications et le contrôle des installations.

«La mission de l'AIEA exhorte la communauté nucléaire internationale à profiter de l'occasion unique créée par l'accident de Fukushima pour améliorer la sûreté nucléaire dans le monde entier.»

Un rapport final sera rendu public lors d'une conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire qui se tiendra du 20 au 24 juin à Vienne, siège de l'AIEA.