Alors que le Japon est en pleine tourmente nucléaire à la suite du tremblement de terre dévastateur de vendredi, le monde se penche sur cette source d'énergie hautement controversée.

Aux États-Unis, l'influent sénateur Joe Lieberman affirment que son pays devrait «faire une pause» dans le développement de centrales nucléaires.

M. Lieberman, président de la commission de la Sécurité intérieure du Sénat, a rappelé qu'il était «un grand partisan de l'énergie nucléaire, car elle n'est pas importée, elle est à nous et elle est propre» et qu'en outre les États-Unis «ont un bon bilan en matière de sécurité concernant les centrales nucléaires».

Cependant, a-t-il ajouté, «nous devons tranquillement mais très vite faire une pause le temps de digérer ce qui s'est passé au Japon à la suite du séisme et du tsunami, et ensuite examiner ce que nous devons exiger de plus, si c'est nécessaire, concernant les nouvelles centrales», a déclaré le sénateur indépendant sur la chaîne CBS.

Le séisme de vendredi, de magnitude 8,9 suivi d'un tsunami, a entraîné l'instauration de l'état d'urgence dans deux centrales nucléaires japonaises, sur fond de craintes de fusion du coeur des réacteurs.

Le point au Royaume-Uni

De son côté, Le ministre britannique de l'Énergie Chris Huhne a déclaré que des leçons devaient être tirées de ce qui s'est passé dans les centrales nucléaires japonaises à la suite du tremblement de terre, lors d'un entretien sur la télévision BBC dimanche.

«J'ai demandé à notre régulateur, ou autorité de sûreté nucléaire, d'examiner avec attention l'expérience japonaise, afin d'en tirer toutes les leçons nécessaires, à la fois pour nos réacteurs existants et pour tout nouveau programme nucléaire», a dit M. Huhne, assurant que «la sécurité est notre priorité numéro un».

«Le programme nucléaire japonais est différent du nôtre. Nous n'avons pas au Royaume-Uni le type de réacteur impliqué dans cet incident précis, et nous ne l'envisageons pas non plus dans notre futur programme», a expliqué le ministre.

Et «bien sûr, la grosse différence c'est que nous avons la chance de ne pas vivre dans une zone de risque sismique comme le Japon», a-t-il rappelé.

Greenpeace fait pression en Espagne

En Espagne, Greenpeace a appelé dimanche le gouvernement à mettre en oeuvre sa promesse de fermer les six centrales nucléaires du pays.

Lors des élections législatives de 2004 et 2008, le premier ministre socialiste, Jose Luis Rodriguez Zapatero, s'était engagé à progressivement les fermer.

Depuis, il a infléchi sa position. En juillet 2009, le gouvernement a déclaré qu'il prorogerait de deux ans, jusqu'en juillet 2013, les autorisations de fonctionner pour le réacteur le plus ancien du pays, celui de Garona, au nord de l'Espagne.

M. Carlos Bravo, directeur de la campagne anti-nucléaire de Greenpeace pour l'Espagne, a appelé le gouvernement à «tirer les leçons» de ce qui se passe au Japon et à tenir sa promesse de fermer les centrales nucléaires.

«Ce qui se passe au Japon nous rappelle que l'energie nucléaire est très dangereuse, même quand elle est mise en oeuvre dans des pays hautement développés comme le Japon», a-t-il déclaré à la télévision publique TVE.

Pour lui, la première usine à fermer devrait être celle de Garona, qui a-t-il dit, est conçue sur un modèle similaire à celui de Fukushima No. 1, où a eu lieu une explosion au lendemain du violent tremblement de terre.

La Bulgarie se fait rassurante

De leur côté, les autorités bulgares jugent «peu probable» le risque d'un accident dans la centrale nucléaire de Kozlodoui, sur le Danube, semblable à celui que connaît actuellement le Japon à la centrale de Fukushima N°1, selon un communiqué de la centrale diffusé dimanche.

«Les événements à la centrale nucléaire japonaise peu probables à la centrale de Kozlodoui», titre ce communiqué qui explique que le tsunami au Japon «a mis hors service les générateurs à diesel devant fournir de l'électricité en cas d'accident» à la centrale de Fukushima N°1. «Il s'agit d'un défaut de conception» de cette centrale, selon le communiqué.

La centrale de Kozlodoui (nord de la Bulgarie), elle, «dispose de quatre générateurs d'électricité indépendants dont chacun peut assurer le refroidissement des réacteurs» en cas de nécessité. De plus, un générateur mobile d'électricité peut assurer le refroidissement du réacteur en cas d'accident par un système de pompes à eau, indique le communiqué.

Deux réacteurs à eau pressurisée du type VVER, de 1000 MW chacun, fonctionnent à Kozlodoui, la seule centrale nucléaire bulgare. Quatre réacteurs plus anciens du même type, de 440 MW chacun, ont été définitivement arrêtés, respectivement en 2003 et en 2006, sous la pression de l'Union européenne pour des raisons de sécurité.

D'après AFP.