Il restait exactement trois semaines, hier, avant les élections américaines. John McCain et Barack Obama ont passé la journée à se préparer au débat de ce soir, le dernier avant le jour du scrutin. Le duel sera-t-il plus inspiré que les deux premiers? McCain promet que oui.

Traiter un homme de menteur est une chose. Le faire en sa présence, en le regardant dans les yeux, devant 3000 journalistes et des dizaines de millions de téléspectateurs, en est une autre.

 

C'est le défi qui attend John McCain ce soir, lors du troisième et dernier débat des candidats à la présidence.

Depuis des jours, McCain répète qu'il meurt d'envie d'en découdre avec Barack Obama. Toutes les publicités diffusées par le camp républicain attaquent l'intégrité et la franchise du candidat démocrate.

Or, McCain n'a jamais questionné Obama en personne sur ses supposées «associations» avec des terroristes. Le fera-t-il ce soir?

Hier, dans une entrevue à une radio de Saint Louis, John McCain a dit qu'il allait «probablement» attaquer Obama au sujet de ses liens avec Bill Ayers, un prof d'université de Chicago, ancien membre des Weathermen.

«J'ai été abasourdi d'entendre (Obama) dire que je n'avais pas le courage d'aborder le sujet. Je pense qu'il peut être probablement certain que le sujet va être abordé cette fois.»

Les liens entre Obama et Ayers sont ténus, et plusieurs analyses ont montré que l'affaire n'était pas aussi dramatique que les républicains ne l'affirment. Or, les publicités sombres montrant le visage d'Obama et celui d'Ayers circulent en boucle aux États-Unis. Cette campagne négative jette des doutes sur l'honnêteté du candidat.

Balancée en plein débat, toutefois, l'accusation de McCain pourrait avoir des allures de pétard mouillé. Durant les deux premiers débats, Obama avait l'air en pleine maîtrise de ses moyens, alors que McCain paraissait fatigué. Est-ce une bonne idée de passer en mode offensive dans ces conditions? Surtout qu'Obama n'aurait sans doute aucune difficulté à répondre. Le terroriste en question, Bill Ayers, a siégé avec lui à un comité financé par la fondation de feu Walter Annenberg, républicain milliardaire proche de Ronald Reagan.

Durant une entrevue au sujet des attaques répétées du camp McCain, Obama s'est montré ferme.

«J'ai été surpris de constater qu'il ne l'a pas dit en face à face, a-t-il expliqué, en référence au débat de la semaine dernière. Mais je crois qu'il nous reste un dernier débat...»

Développement intéressant: hier, le site web progressiste The Huffington Post a révélé que William Timmons, l'homme choisi par McCain pour diriger son comité de transition présidentielle, a déjà collaboré aux efforts de lobbying de... Saddam Hussein. À chacun ses terroristes.

Débats ennuyeux?

Jusqu'ici, les débats McCain-Obama n'ont pas été particulièrement passionnants. Les candidats ont répondu aux nombreuses questions du modérateur ou de l'audience, et les échanges directs ont été très limités.

«Jusqu'ici, on n'a pas vu de débats: on a vu des discours partisans côte à côte, a dit George Farah, fondateur d'Open Debates, un groupe neutre qui critique le format actuel. Il faut changer le système pour permettre des échanges spontanés. Il faut que les candidats soient humains, et moins enfermés dans leurs lignes partisanes.»

Le débat de ce soir sera modéré par le journaliste vétéran Bob Shieffer, de CBS. Les deux candidats seront assis à table avec lui. Le débat durera 90 minutes, et portera sur les questions liées à l'économie et aux affaires nationales.

M. Shieffer a affirmé qu'il n'hésitera pas à rappeler les candidats à l'ordre. «S'ils commencent à changer de sujet, je ne serai pas gêné de leur rappeler bien vouloir répondre à la question», a-t-il dit.